Un air de famille
Alors que Naruse m'avait tout simplement subjugué et bouleversé avec Nuages flottants, je retrouve ces sensations avec Le Grondement de la montage, où il dépeint la vie d'une famille où parents et...
le 14 juin 2016
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Alors que Naruse m'avait tout simplement subjugué et bouleversé avec Nuages flottants, je retrouve ces sensations avec Le Grondement de la montage, où il dépeint la vie d'une famille où parents et enfants vivent sous le même toit.
L'une des forces de Le Grondement de la montage, comme pour Nuages Flottants, se trouve notamment dans la façon dont Naruse filme et capte la vie avec une grande justesse, intelligence et sobriété, tout en la rendant passionnante et surtout bouleversante. Cela passe d'abord par une galerie de personnages où il dresse des tableaux complexes et justes, sachant faire ressortir toute l'émotion, la puissance des enjeux ainsi que la profondeur des relations, parfois ambiguës, d'autres fois plus froides mais toujours fortes.
Ici, il s'intéresse à la famille et met en scène l'évolution des rapports entre les différents membres, notamment ceux mari/femme puis parents/enfants, allant jusqu'à une lente mais inévitable dégradation dans certains cas. C'est surtout sur la jeune femme qu'il braque sa caméra et dont il va en retranscrire les plus fortes émotion. Il jette un regard tendre et compréhensif sur elle, incapable de se révolter face à un mari froid, peu communicatif et prêt à voir ailleurs, alors qu'elle fait tout pour le bonheur de ceux qui l'entourent.
Naruse utilise beaucoup les non dits, gestes et expressions des personnages pour mieux nous faire comprendre, mais aussi ressortir, les sensations et la situation dans laquelle ils se trouvent. La justesse d'écriture rejoint celle de la mise en scène où il n'est jamais dans l'excès mais orchestre toujours tout cela dans le sens de l'émotion ainsi que de la réflexion, notamment sur la société dans laquelle ces gens vivent, tandis qu'il met en place une ambiance pessimiste, de plus en plus forte et prenante.
Naruse capte merveilleusement bien le contexte de l'époque et le Tokyo qu'il met en scène, tant dans les moeurs que dans ses plans où, tout en sobriété, il y inclut parfois quelques importants détails. Pourtant, c'est surtout les sentiments, mais aussi la fragilité humaine, qu'il capte avec brio, sachant les faire ressortir des personnages à travers un simple regard. La photographie en noir et blanc est magnifique, participant à l'ambiance du film tandis que devant la caméra, il dirige très bien ses acteurs où chacun se fond dans son rôle, mention spéciale à Setsuko Hara.
C'est avec autant de simplicité que d'intelligence et de justesse que Naruse met en scène cette chronique familiale où le couple, les rapports humains et la fragilité sont mis en avant et dont il en fait ressortir toute la richesse et l'émotion. (Merci à Aurea pour le conseil)
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le 14 juin 2016
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