Destins croisés
Adapté d’un roman de Mary McCarthy, ce film retrace la vie d’un groupe d’étudiantes à la sortie de leur université new yorkaise. Le récit s’étend sur environ dix ans, des années trente aux années...
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le 26 sept. 2013
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Drôle de film de la part de Sidney Lumet, coincé (pour ne pas dire écrabouillé) entre "Fail-Safe" et "The Hill" sortis juste avant en 1964 et 1965 puis "The Offence" en 1972 — il a réalisé d'autres films à la fin des années 1960 mais je ne les ai pas vus. Un film choral, chose rare chez le réalisateur et à cette période, qui a malheureusement assez mal résisté au temps et qui a vraiment mal vieilli si on le compare à d'autres de ses films de l'époque. Notamment sur le plan esthétique, sans doute accentué par le fait qu'il s'agit d'une reconstitution d'une époque antérieure de trois décennies, le visionnage est assez peu engageant. Si l'on ajoute à cela la durée vraiment excessive qui s'atteint en ayant multiplié les saynètes un peu juxtaposées sans grand fil rouge d'ensemble, on peut avoir une bonne synthèse des raisons qui m'ont rebuté dans "The Group".
Pourtant il s'agit de Lumet, c'est-à-dire pas le dernier des tâcherons, à une époque où il carburait assez bien. Les débuts sont prometteurs, et annonciateurs en un sens puisqu'on sent que la présentation de ces huit femmes au début des années 1930, promises à de beaux avenirs dès leur sortie diplômée d'une prestigieuse université, se fait dans une ambiance un peu chargée, comme trop optimiste — et la suite démontrera à quel point ce sentiment était sensé... Leurs espérances se heurteront violemment contre le mur d'une société qu'elle n'avait pas imaginée ou anticipée, principalement à cause d'une composante patriarcale se mettant en travers de leur émancipation, mais aussi un peu à cause de ce qui se trame en Europe au même moment.
Ce qui à mes yeux porte le plus préjudice à l'adhésion d'ensemble peut se résumer à la succession de petits tableaux illustrant de nombreux échecs protéiformes, comme si le film ne prenait pas assez le soin de créer du liant ou de faire durer les ambiances. Il y a un petit côté zapping, avec les huit portraits à assurer en parallèle, qui coupe sans arrêt les progressions dans leur lancée, c'est assez pénible. La vision adopte une posture clairement féministe (selon les codes de l'époque : la conception de l'hystérie et des grosses tartes dans la gueule fait un peu mal à voir) et épouse aussi l'évolution politique, économique et sociale des États-Unis, post-Grande Dépression, mais ne délivrant pas toutes ses promesses.
Les femmes sont systématiquement sous la domination d'un homme, que ce soit par la force, l'argent, l'indépendance, l'assurance, les sentiments, c'est dans cette optique un scénario très peu subtil et assez unilatéral — le propos s'en trouve forcément alourdi. Il y a une pertinence évidente à raconter un monde dominé par les mâles (qui imposent jusqu'à la façon de nourrir le nouveau-né) en ces années 1960 miroir des années 1930, mais la dimension poussive de la démonstration amoindrit la beauté des portraits de femmes qui peinent à imposer leurs choix et suivre leurs propres voies. On voit bien où Lumet veut nous emmener, un peu trop sans doute, du côté des idéaux brisés, mais cela se fait à la faveur d'une narration un poil plombante.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top films 1966, Réalisateurs de choix - Sidney Lumet, Avis bruts ébruités et Cinéphilie obsessionnelle — 2024
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le 20 févr. 2024
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