Entre fresque historique (le Japon médiéval décrit d'une manière au premier abord plus "réaliste" que chez Kurosawa) et dénonciation - d'une agressivité assez surprenante, il faut bien le dire - d'un système politique, Mizoguchi nous parle du pouvoir et de ses effets destructeurs (la prostitution des âmes et des corps, l'abject pauvreté du peuple...). Mais ce "Héros Sacrilège" est surtout célèbre pour ses étonnantes couleurs, la superbe dynamique des scènes de foules, et un souci du détail omniprésent, voire obsessionnel. On admirera aussi la lisibilité apportée par une narration parfaitement maîtrisée - pour un scénario aussi complexe sur les conflits politiques... -, mais on regrettera que le film nous frustre en se terminant, après la scène intense du sacrilège des palanquins, à la veille des terribles combats qui verront l'avènement des samouraïs : en refusant l'évidence spectaculaire, Mizoguchi confirme que son sujet reste l'homme, mais on ne peut s'empêcher de regretter ce choix...
[Critique écrite en 2005]