N'ayant pas été franchement convaincu par les deux premiers en salle (sans blague ?...), il me restait l'attitude fanboy. Manger les deux Bluray versions longues et les deux fois 13 heures de bonus qui vont avec. Et là tout de suite, tu t'attendris davantage sur le travail d'entertainer que Jackson et sa cohorte abattent et deviens moins regardant sur la baisse drastique et évidente de qualité dramatique qui guette ce troisième volet, et les deux autres. En même temps, la dramatique du Hobbit...
Peter a annoncé dès le premier volet qu'il allait faire avec un seul bouquin une trilogie aussi longue qu'avec trois bouquins fleuve, donc tu te doutes bien que ça va pas être du Shakespeare ni même que ça puisse approcher la qualité de la Trilogie de l'Anneau, non ? Il ne voulait pas le faire d'ailleurs, avec 13 nains dans les pattes, mais quand il a vu qu'il pouvait entreprendre la chose en faisant juste tout péter, il a changé d'avis. Refaire la même chose a forcément son revers. Déjà que Peter luttait contre ses envies de batailles d'orcs face au respect de l'art de Tolkien au départ.
Donc, préparation mentale au pire obligatoire.
Et bien, Richard Armitage reste convaincant je dois dire, surtout si tu as déjà vu les 20 heures de bonus pour mieux t'en convaincre, et Martin Freeman sauve la baraque à maintes reprises aussi, subtil mélange de détachement et d'intention. Par contre, c'est la catastrophe pour le reste de la compagnie laissée à l'abandon au milieu de l'échelle de la bataille. Ils ne servent strictement à rien, pareil pour Bard et beaucoup d'autres.
La dernière heure est un beau naufrage narratif, avec le couple à deux balles Kili / Tauriel qui s'octroie une place bien baveuse pour faire doublon à Thorin et Bilbon, avec Alfrid qui fait le clown ayant obtenu une place démesurée comparée à son importance nulle. Restent quelques rares moments de Thranduil et de Bard pour être gentil mais c'est bien tout. Mais on le savait, vu qu'on n'a plus rien à dire avant un bonne heure, c'est à dire la fin, il faut sévèrement meubler la dramatique dans le vide. Rappelons que Jackson ne pouvait pas utiliser l'univers de Tolkien dans sa globalité ayant seulement les droits pour adapter le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. Le final, s'il a l'envie louable de raccrocher à la trilogie de l'Anneau se déroule tout de même plus de 60 ans plus tôt et utilise la même façon de filmer sa petite conclusion dans la lumière moite endeuillée, puis la vue rafraichissante de la Contée, un goût de l'hommage à son lui d'il y a 10 ans des plus marécageux.
Mieux vaut rire de Azog qui fait du patin à glace ou admirer la qualité de l'eau numérique ou l'angle montrant la profondeur de l'abysse glacé, ou le troll qui se suicide avec une maison en brique sur le crâne, ou... Ahem.
Bref la bataille est là, par vagues successives et tentaculaires, au coeur d'un décor titanesque mêlant les designs de l'homme, de l'elf, du nain et de l'orc, warcraftienne en diable. Le retour du Roi tente de revenir. Azog y regagne même en prestance physique. C'était pas dur certes, mais si t'as vu les bonus, tu sais que c'est Manu Bennett qui fait sa mocap, et il assure la brute épaisse Manu, il faut donc se concentrer sur le physique de Azog seul et oublier sa personne qui ne crie qu'une chose comme d'habitude "tuez-les tous !" La mocap faciale est quand même vraiment pas mal sur Azog et sur Bolg cette fois-ci. Même Bolg, la tête de Chamallow pourri avec des scies Hellraiser encastrées dans les côtes a de vraies expressions ! Et Bolg tue quelqu'un ! Deux méchants de blockbuster arrivent enfin à tuer des héros !! Dingue ! Il était temps, j'y croyais plus.
Donc franchement, pendant au moins deux heures, l'histoire est plus que secondaire et ça se passe bien quand même. C'est le ride avant Noël. Smaug démarre le show pas longtemps mais bouge et brûle trop bien (même s'il y a à peine des victimes visibles mais bon...). Puis viennent les cerfs, le cochon cuirassé, les lapins géants, les béliers, les nains en armures, les trolls de toutes les tailles et dans tous les coins, les gobelins bonus, les orcs en armures, les pré-Nazgul en armures. Il ramène même l'ours et l'élan guillotine et les elfes en carrés, et vas-y que je te fasse combattre Saroumane contre Sauron en prime, et ramène Dark Galadriel et Helrond en armure, balance des plans de chauve-souris, des aigles, une citadelle inédite, tout ce que t'as. Allez, remets les vers de terre visqueux de "King Kong" même, mais fais-les comme dans "Dune", 50 fois plus gros juste comme ça pour rien. Faut y aller vu qu'on a plus rien de méchant à montrer, c'est la fin, vas-y balance tout.
Mais ouais vas-y Peter, balance. j'attends la version longue voir si ça peut un peu sauver quelque chose comme dans le deuxième. Tu sais, la version où tu ne charcutes pas tout exprès parce que tu ne peux pas balancer toute la purée que tu as sous le pied en 3 heures sans enlever un paquet de dialogues... Mais bon, j'espère pas de miracle non plus, te mets pas la pression hein...
PJ est un peu une exception grandiose du paysage du blockbuster. Je peux tout lui pardonner à ce hobbit plus trop joufflu. Il peut faire n'importe quoi, c'est un merveilleux goût de n'importe quoi. j'ai même envie de lui coller un coeur ou un 8 pour te dire comme je m'en fous de son scénario qui part en lambeaux, juste pour le plaisir de l'action plein les yeux, de cette mise en image massive d'Heroic Fantasy.
Bref, on s'en fout, ça pète comme il faut, c'est du bonheur.
ps : et comme prévu, la version longue est plus tenue, et en balance encore plus aussi.