His son may grow to be a great one.

Difficile de dire s’il s’agit d’une déception ou d’une simple confirmation. Déception parce que ce film est indéniablement plusieurs crans en-dessous de tous ces congénères de la Terre du Milieu. Confirmation parce que ce film est la preuve, s’il en fallait une, que cette saga aurait dû se contenter de deux films, quitte à en faire des versions longues de 4h30 que les fans découvriraient dans les éditions supra-collector Blue-ray.

Pour une fois, je vais commencer sur l’aspect technique du film, parce que c’est ce qui ira le plus vite. C’est d’ailleurs le seul bon point du film : c’est une nouvelle merveille. Les effets spéciaux sont toujours aussi extraordinaires, que ce soit lors de la destruction de Lacville ou lors des scènes de combats, grandioses. Couplés aux décors magnifiques, à la photographie sublime et à la mise en scène toujours aussi efficace de Peter Jackson, ce film est un véritable bijou visuel qui nous en met plein la vue. Et en IMAX 3D HFR, on est tout simplement au comble de la magnificence.

Ces images magnifiques sont accompagnées par la BO toujours aussi géniale d’Howard Shore. Ce n’est peut-être pas sa plus inspirée en Terre du Milieu, mais on retrouve bien les différents thèmes de la saga du Hobbit, ainsi que quelques petits clin d’œil à celle du Seigneur des Anneaux. Et comme la mise en scène ou les effets spéciaux, c’est épique quand il le faut et juste ce qu’il faut, donnant une dimension encore plus grande à l’action.

Avant de parler histoire, je vais m’attarder sur les acteurs. Globalement, tous continuent sur la lignée de ce qu’ils ont fait jusqu’à présent. Sauf bien sûr Richard Armittage, dont le rôle prend un tournant particulier qu’il arrive très bien à incarner. On peut aussi citer Orlando Bloom, que j’ai trouvé moins intéressant que dans le précédent film. On a aussi Cate Blanchett qui nous fout bien les chocottes à un moment (aidée par les effets spéciaux, certes). Et Benedict Cumberbatch, toujours aussi génial en Smaug. Bref, un casting globalement correct.

L’histoire donc. Ben c’est là que réside la grande déception. En soit, l’histoire est profondément creuse. Alors oui, ça retranscrit plutôt bien la fin du livre tout en y incorporant les éléments extérieurs qui avaient été ajoutés. Le tout forme un ensemble cohérent. Mais les longueurs, les répétitions, sans parler des scènes et personnages inutiles (magnifiquement incarné par Alfrid)… Tout ça fait que ça aurait largement pu tenir en deux films. Certes, Peter Jackson arrive à tenir son film et ses batailles sur un peu moins de deux heures. Mais voilà, l’histoire est montée de telle sorte que ça donne l’impression d’essayer de faire un troisième film de 2h30 pour faire un troisième film. Je le répète, y’avait largement de quoi faire pour tenir en 2 films de 3h chacun, plus éventuellement 1h-1h30 en versions longues (pour ajouter tous les passages pas forcément utiles à l’histoire).

Le film présente également un paradoxe : comment faire une bataille dans le plus pur style du Seigneur des Anneaux tout en restant dans l’esprit du livre, à savoir une histoire pour enfant. Du coup, le film se montre plus violent que les autres au cours des combats, mais c’est là qu’interviennent les scènes inutiles essayant d’instaurer une sorte d’humour mal dosé et mal convenu. Bref, c’est très maladroit. Le comble dans tout ça, c’est que le film en arrive presque à devenir littéralement ennuyeux par moment, non pas à cause des longueurs, mais à cause de la répétition de certaines scènes/plans et des effets comiques qui n’ont rien à y faire.

Et tout ça, sans parler des personnages. Par où commencer ? La confirmation du foirage de Tauriel ? De son inutilité absolue ? En plus d’aligner les dialogues bof bof (même si on échappe au « red sun rises » dans cet épisode), son personnage ne présente presque aucun intérêt, son développement est superficiel comme pas possible. Concrètement le personnage féminin pour avoir un personnage féminin dans le film, et franchement, vu le résultat, je pense qu’il aurait mieux valu ne pas en avoir du tout. Quoi ensuite ? Cette blague de chef nain qui débarque sur un cochon de ferme, quand le roi des elfes arrive, lui, sur un motherfucker de Megalocéros ? Si c’est pas du racisme ça.

Après ? J’ai cité Alfrid plus haut : jamais vu un personnage combinant avec autant d’efficacité l’inutilité et le ridicule. Tauriel a au moins le mérite d’essayer de faire un truc (introduire un personnage féminin). Alfrid, lui, n’essaye rien. C’est un parasite qui vient squatter l’écran. Le genre de personnage qu’on se demande ce qu’il fout là, si un Deus-ex machina foireux ne l’avait pas sauvé au début du film. On reste donc tout le reste du temps à attendre qu’il y passe, mais même pas. Chacune de ses apparitions n’a eu qu’un seul effet sur moi : pousser un profond soupir.

Vous en voulez encore ? Ben on va conclure sur Legolas. Dans le précédent film, on avait eu droit à un Legolas bad-ass qui avait le mérite d’être intéressant et fun. Là, dans ce troisième opus, on passe du Dark Legolas au God Legolas. Non, sans déconner, dans ce film, c’est juste Dieu. Pas un dieu, Dieu. Oubliez tout ce que vous avez pu voir dans le Seigneur des Anneaux ou La désolation de Smaug ; dans ce film, Legolas surpasse absolument tout. À un point tel qu’au bout d’un moment, ça devient même un sujet de plaisanterie, comme ces répliques foireuses du SDA. Chaque scène va encore plus loin. Après avoir vu ce film, vous vous direz que, finalement, dompter un Oliphant n’est pas si compliqué que ça. C’est juste complètement dingue et au moins aussi désolant.

Et dans tout ça, reste-t-il des choses à sauver quand même ? En premier lieu, la scène d’intro. C’est l’unique scène du film que j’ai vraiment adoré du début à la fin. Même s’il y a quelques trucs un peu gros, je me suis purement régalé. On se retrouvait d’un coup plongé en plein chaos, en pleine destruction, au milieu de la panique ; c’était à la fois immersif et passionnant. Même la fin avec Smaug est magnifiquement orchestrée. Un véritable régal. Le seul du film et le dernier de la saga. Néanmoins, y’a quand même d’autres trucs intéressant.

Comme je le disais plus haut, le rôle de Thorïn est plutôt bien retranscrit par rapport au bouquin. Même si c’est parfois un peu longuet, la prestation de l’acteur et la façon dont l’histoire exploite cette facette du personnage font que c’est l’un des rares bon points après l’apparition du titre. On a également Bilbo, qui reste lui aussi assez fidèle. On peut également s’attarder sur le quatuor Gandalf, Galadriel (terrifiante, j’vous le dit), Elrond et Saroumane. On les retrouve là dans une scène intéressante et plutôt bien tournée, mais qui a surtout le mérite de poser les bases pour la saga du Seigneur des Anneaux. Tout comme d’ailleurs la dernière discussion entre Legolas et Thranduil. La fin du film permet d’ailleurs de compléter la boucle en s’inscrivant même dans le film La Communauté de l’Anneau (j’ai trouvé le dernier plan de Martin Freeman génial d’ailleurs), donnant un coup de nostalgie.

Bref, au final La Bataille des cinq armées est bien décevante. Clairement, la magie ne fonctionne plus dans ce film. Certes, la bataille est là, certains passages sont vraiment chouettes voire même carrément épiques ; mais toute la magie de la Terre du Milieu semble avoir disparu dans ce film, et on se demande pourquoi. Est-ce parce que le film donne l’impression d’être plus un montage des scènes inédites/de la version longue du précédent film ? Probablement.

Certes, je n’ai encore jamais vu des scènes inédites aussi réussies techniquement ; mais voilà, si l’emballage est utile, il ne fait pas tout. Et c’est clairement ce qui ressort de ce film : une tuerie visuelle, comme on pouvait s’y attendre ; mais au final, un film bien vide. C’est bien dommage de conclure une saga comme ça. Elle aurait mieux valu rester sur l’idée du dyptique.