Si c'est cela "Le Hobbit" alors je n'en veux pas.

Incroyable, moi qui suit un grand tolkienophile, qui me suis perdu de nombreuses fois en rêverie dans les terres du Milieu quand j'étais adolescent, je me suis limite endormi devant la Bataille des 5 armées.

Créé de sorte à être le "point d'orgue" d'une trilogie (qui se traine en longueur) le film n'a pas eu du tout pour moi l'effet escompté, c'est à dire d'être l'équivalent version "Hobbit" du "Retour du Roi". Sauf qu'ici, bah, le roi, se conduit comme un sale con depuis le début du film et que malgré la sympathie qu'on avait pour lui, on passe une bonne partie du temps à se demander pourquoi Bilbo et les nains ne le frappent pas directement en plein visage et signent une trève avec les elfes pendant ce temps là.

J'ai l'impression que Peter Jackson a tout fait pour monter la sauce en se concentrant sur cette bataille. Certes, on voit la fin de Smaug et il y a une baston des principaux magiciens contre les sbires de Sauron au début, baston auquel je ne sais pas quoi penser : elle sert de liant avec la trilogie, elle est rempli de super acteurs (en plus, y voir Christopher Lee, maintenant, m'a fait fondre le coeur) mais au fond, elle ne sert que de "moment fanservice" qui conclue l'arc avec Gandalf et Radagast. J'ai du mal à trouver que ce passage sert à autre chose qu'à dire "c'est cool, hein ?"

Mais ça reste quand même beaucoup plus cool que la bataille des 5 armées que j'ai trouvé pénible à ne jamais démarrer et commençant pour des motifs totalement triviaux. Évidemment comme il a fallut passer d'un justificatif de conte (Thorin est hanté par la soif de l'or, c'est grosso-modo le seul justificatif apporté par le conte) à une justification presque "historique" cela oblige ce loooong développement avec des tractations et Thorin qui a des hallucinations, etc.... Et c'est lourd.

Et lorsque la bataille commence, j'ai vraiment eu du mal à me sentir aussi investi, aussi soulevé par le souffle épique qu'il y avait dans le Retour du Roi, parce que tout fait "faux." Je n'aime pas vraiment quand un critique utilise le média "jeu vidéo" pour critiquer un film, mais le fait d'avoir quasiment tout fait en numérique m'a donné l'impression de mater des cinématiques de final fantasy : tout y est trop bien calculé, trop lisse, les couleurs sont tellement travaillées (je m'étais fait la réflexion en voyant Bilbon offrir l'Arkhenstone dans la tente des elfes, que dans la vie réelle, avoir un intérieur de tente aussi jaune et lumineuse dans une nuit toute noir, c'est impossible) et tout y est tellement incrusté sur fond vert que ça donne un côté "bataille en plastique."

Dans le Retour du Roi, les batailles étaient certes, abusées, on avait droit à des moments WTF, mais ceux-ci arrivaient au milieu d'autres moments où l'on se sentait investis. Et aux CGI était mêlé des vrais scènes de foules ce qui accroissait le côté "vrai."" Ici, on ne voit plus que des acteurs en train de s'amuser dans un décors en image de synthèse : entre Legolas qui joue à Mario.... les orques en CGI, les rangs des guerriers elfes impeccablement chorégraphiés alors qu'ils étaient attaqués par surprise... Tout n'était plus qu'une longue suspension de ma crédulité.

Quant aux personnages rajoutés, ils sont tellement clichés que je n'ai jamais réussi à m'intéresser à eux autrement qu'en disant "tiens, regardez, c'est un cliché." Mention spéciale à Alfrid, joué par Ryan Gage qui ne sert QUE de comic relief type "félon" : il n'y a pas une scène où il n'est pas en train de trahir ou de s'enfuir ou de faire une connerie. Une fois ça va, sur tout le film, c'est chiant. Idem pour Barde qui passe son temps à sauver sa famille. Oui, ok, c'est un héros, on avait compris lorsqu'il a mis une flèche dans le corps de Smaug, merci Peter, pas besoin de nous rejouer 5 fois le coup de "Papa protecteur." Quant au trio Tauriel, Legolas et Kili, ils sont tous plus prévisible les uns que les autres, notamment Tauriel dont CHAQUE ligne de dialogue est un cliché. Je me suis facepalmé très fort en l'entendant dire « Si c’est cela l’amour, alors je n’en veux pas » avec cette impression qu'on avait zappé sur un téléfilm mélodramatique de milieu d'après midi sur W9 Non, non, non, non.

Alors, tout n'est pas à jeter : la réalisation est loin d'être dans les fraises, les CGI aussi "faux" paraissent-ils sont très travaillés et les acteurs sont bons. Martin Freeman aura joué le rôle à la perfection jusqu'au bout. Notamment sur ces dix minutes de fin, lorsque Bilbo rentre chez lui et déloge ses cousins hobbits en train de se partager ses meubles. Et là, on se marre, on sourit et d'un seul coup le film reprend ses allures de contes qu'elle avait au début de la trilogie. Pourquoi l'a-t'elle quitté ?