Into the frying pan

Attention, heavy spoils and Tolkien geekiness inside.


Je ferai bref. C'est un gros gâteau jacksonnien, plein de nains qui courent survolés en hélicoptère, de personnages à peines esquissés aussi vite quittés, d'impossibilités physiques (des tonneaux incassables et insubmersibles), d'invraisemblances narratives (mais où sont les habitants de Lake Town quand on se bat et qu'on hurle dans leur ville ?), d'absurdités psychologiques (je ne sais toujours pas si Smaug est incomparablement rusé ou totalement idiot - il a les nains en son pouvoir et hop, il s'en va faire mumuse à Esgaroth) et, bien sûr, de libertés prises avec le livre, la pire et de toute étant sans doute cette décision "holywoodienne" de faire s'affronter les nains et le dragon (parce que pour hollywood, c'est quoi un héros qui n'affronte pas le méchant, hein ?), ce qui n'aurait pas été si dérangeant au demeurant, si cela ne nous valait une scène sans queue ni tête où entre de l'or fondu-qui-brule pas, un moule de statut dont on ne sait ce qu'il fout là et des effets spéciaux totalement (mais totalement) bâclés.

Je n'ai rien contre certaines des adaptations du bouquins : étant acquis que le Middle Earth de Jackson n'est pas celui de Tolkien, il suffit de n'avoir trop d'attentes... poétiques. Cela dit, si l'amourette Tauriel-Kili fonctionne bien (navré, détracteurs, j'assume - elle est conforme aux rencontres Galadriel-Aragorn, Beren-Luthien), la plupart des autres inventions sont scénaristiquement moins heureuses. J'ai évoqué le combat avec le dragon, on pourrait rajouter la poursuite des tonneaux par les orcs (si les premiers sont sans doute magiques, insubmersibles et incassables,, on se demande si les second savent se battre ?) ou l'étrange arrivée chez Beorn. La version longue n'apporte pas grand cohérence supplémentaire.

Le film en aurait pourtant besoin. On est plus dans une version médiévale d'Indiana Jones que dans les Tolkien matters. Il est vrai que le livre lui-même va très vite, et enchaîne des "adventures" sans lien narratif évident les unes avec les autres. Ce qui fonctionne dans un roman pour enfants est moins heureux cinématographiquement, et l'on se sent frustré de n'avoir pas plus de temps pour explorer tel ou tel paysage/univers.

Cela dit, les cavernes du roi des elfes, réminiscences de Menegroth, sont à mon goût une belle réussite visuelle, et le caractère de Thranduil, mélange étrange de ceux d'un Eöl et d'un Thingol, n'est pas sans charme. Dol Guldur demeure visuellement convaincante, un peu trop consensuelle, sans doute : on n'y a pas peur, pas même une petite inquiétude. Et le climat délétère qui règne sur Esgaroth a quelque chose de bien troussé, quand bien même les figurants y semblent souvent aussi convaincus de leur rôle que moi de la fromagéité de la lune.

Bref, ça se laisse regarder. J'attendais la version longue avant de savoir si on devait n'en garder que quelques scènes iconiques, ou si l'ensemble était susceptible de plus de consistance. Las. On en restera là. C'est un film décevant, trainant en longueur, truffé des tics et redites de Jackson. La musique tonitruante, incessante et sans réelle autre caractère que ceux qu'on lui connaissait déjà du SdA n'y rajoute rien - au contraire, j'ai eu plusieurs fois envie de couper la bande son. En bref : je n'évite l'ennui que de bien connaître l'oeuvre. C'est dire.