Le Hobbit : La Désolation de Smaug par gangster_the_pe
Attention spoilers du début à la fin . Cette critique ne s'adresse donc qu'à celles et ceux qui ont déja vu le film ...
Pour la première fois, après avoir vu un film de Peter Jackson en lien avec la Terre du Milieu je me suis dit que celui-ci avait raté son oeuvre ... En effet pour moi ce film est raté de façon indéniable . On peut alors se demander pourquoi avoir mis 7 pour un film raté . La réponse vient du fait que ce film n'est pas mauvais ni même passable il est simplement raté au vu de ce qu'il aurait pu être, de ce qu'il aurait du être et encore plus si on le compare au premier opus et à la trilogie du Sda . Contrairement à beaucoup de personnes notamment de ce site, j'avais en effet énormément apprécié Le Hobbit : Un Voyage Inattendu . Ce film pouvait certes pâlir de la comparaison au Sda et notamment au Retour du Roi mais ... pourquoi vouloir le comparer à l'incomparable ? Certes il ne possédait pas le même souffle épique mais Peter Jackson avait néanmoins réussi à réaliser une oeuvre magistrale centrée sur le personnage de Bilbo et dans une moindre mesure sur celui de Gandalf, respectivement sublimés par les performances formidables de Martin Freeman et de Ian Mckellen . L'oeuvre avait en effet réussi le pari ambitieux d'effectuer la synthèse entre le conte pour enfant original et les Appendices du Sda . En effet, la présence de certaines scènes qui n'étaient pas présentes dans le roman comme celle du Conseil blanc vinrent alors enrichir le film de façon pertinente et lui apporter une nouvelle dimension . Les décors étaient sublimes, les batailles épiques, les acteurs au sommet de leur art et la magie fut ainsi omniprésente .
Dans ce nouvel opus, il semblerait que Peter Jackson ait momentanément oublié la recette qui avait fait le succès des précédents films . Pourtant, malgré une scène d'ouverture peu convaincante voire inutile et en tout cas à mille lieux de celle du premier film, la première heure de La Désolation de Smaug se montra à mes yeux digne de l'attente qu'avait suscitée le film . En effet, Beorn sous sa forme d'ours et notamment ses rugissements nous promettait d'emblée un grand spectacle . La maison de Beorn me parut également très réussie . Alors que la compagnie arrivait dans la forêt de Mirkwood, j'assistais impuissant aux premières scènes douteuses . La scène où la compagnie se perd me parait ainsi particulièrement pas indispensable . Néanmoins il faut reconnaître à cette partie du film de très bonnes scènes telles que celle où Bilbo scrute la forêt au milieu des papillons qui est visuellement sublime ou encore la totalité du passage impliquant les araignées ( je trouve d'ailleurs que l'idée que Bilbo puisse entendre celles-ci grâce à l'anneau était très bien trouvée ) . La demeure des Elfes nous éblouit ensuite à la manière de la Lorien dans le Sda mais tout en apparaissant comme plus sombre .
C'est alors que l'on assiste à une scène très controversée : la discussion sentimentale entre Tauriel et Kili . Cette scène bien qu'étant loin d'être indispensable ne m'a pas choquée outre mesure à l'exception de la blague graveleuse de Tauriel sur l'appareil génital de Kili . Là je dis non M Jackson . Que ce type de blague douteuse soit énoncée dans un film en rapport avec l'oeuvre de Tolkien est déjà agaçant mais qu'elle le soit en plus par une Elfe alors que les représentants de cette race sont censés être raffinés plus que nul autre je dis non, non et encore non . Pourquoi ne pas l'avoir fait dire à Elrond ou à Galadriel tant qu'on y est ; histoire de rompre définitivement le mythe .
Enfin passons sur cette triste scène qui malgré tout est très courte et qui à le mérite en plus de nous apprendre une chose c'est qu'avec Tauriel, Peter Jackson souhaite montrer une nouvelle image de la race elfique, moins coincée et plus proche des autres races ( humains et nains ) . En vérité si le personnage de Tauriel n'était pas dans le livre et si Peter Jackson a plus ou moins réussi son pari risqué de l'introduire dans ce film afin qu'il y ait une personne appartenant à la gent féminine dans l'histoire ce n'est pas tellement sa présence qui m'a dérangé mais plutôt celle d'un autre elfe . En effet, si Evangeline Lilly enchaîne les scènes avec irrégularité, apportant parfois un vrai plus grâce à son jeu d'actrice rafraîchissant, Orlando Bloom est pour sa part complètement à coté de la plaque ... Il apparaît dans le film tellement sur maquillé qu'il en fait presque mal aux yeux afin d'incarner une sorte de dark Legolas qui semble n'être qu'une pitoyable parodie de son personnage dans le Sda .
Enfin revenons aux qualités du film . L'évasion des nains grâce à Bilbo et l'épisode de la bataille dans la rivière sont plutôt convainquant et visuellement éblouissant .Certains éléments de la bataille sont certes vraiment exagérés et surjoués comme Legolas qui court sur les têtes des nains et ceux-ci qui se lancent des armes mais ils sont tout de même cohérents et rendent la scène épique voir jouissive . Profitons en car le terme de la bataille correspond au début de la fin .
En effet, la seconde partie du film est essentiellement centré sur des personnages insipides tels que Thorin, Kili, Tauriel et surtout Bard l'archer . Bilbo est moins présent que dans le premier opus et la trame essentielle de l'histoire s'efface peu à peu devant la multiplication des détails superflus et des éléments inventés de toute pièce . En outre, la fin du film souffre également de l'absence de Gandalf qui n'a pas son pareil pour apporter un souffle épique et magistral à la plupart des scènes . Ici il n'apparaît que dans deux scènes lors de la seconde partie du film . L'une d'elles est totalement inutile et l'autre alors qu'elle aurait pu être l'un des meilleurs moments du film tourne rapidement au ridicule . La première scène est celle où Gandalf se rend en compagnie de Radagast dans le tombeau des Nazguls .Elle n'apporte rien à l'histoire et semble être ici seulement pour préparer la seconde scène qui est celle où Gandalf se rend à Dol Guldur pour démasquer Sauron . On remarquera dans celle-ci la stupidité du magicien gris qui se rend dans la forteresse tout en sachant pertinemment qu'il s'agit d'un piège à moins que ce ne soit de la prétention ( il pensait peut être vaincre le nécromancien à lui tout seul ) . En tout cas après avoir assisté à une bataille entre le magicien et une multitude d'orcs numérique dont la laideur atteint des sommets, on ne peut retenir un sourire devant le combat entre Gandalf et Sauron . Un sourire de dépit qui laisse transparaître d'intenses désillusions ... En effet, le combat semble n'être qu'une vague parodie de celui opposant Dumbledore à Voldemort dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix . Mention spéciale à la sphère blanche de Gandalf qui semble être sortie d'une série fantastique à faible budget voir d'un simple nanar . Le spectateur a ensuite le privilège de plonger à répétition dans l'oeil orangé du nécromancien avant que le combat ne se termine ( enfin ! ) par la défaite de Gandalf . Nous noterons également ici la bonté de Sauron qui alors qu'il pourrait tuer l'un de ses plus grands ennemis se contente simplement de l'attacher ...
Enfin revenons à l'histoire principale : Bilbo et ses amis sont parvenus grâce à l'aide de Bard dans la cité d'Esgaroth . Il faut alors reconnaître que celle-ci est visuellement belle et pleine de charme un peu à la manière de Dale dans le premier film . On assiste à l'arrivée en cachette des Nains dans cette ville sur pilotis ce qui nous permet de voir la vie quotidienne de ses habitants . C'est alors qu'apparaissent deux autres personnages : le Maire et son conseiller . Ce dernier apparaît lui aussi comme une parodie d'un personnage du Sda : Grima Langue de Serpent . Mais il est moins bien intégré à l'histoire et semble plus ridicule qu'autre chose . Mais à ce moment là du film croyez moi le pire est à venir . Il se traduit d'abord par une succession d'ajouts inventés de toute pièce comme le passage ridicule concernant la prophétie liée aux retour de Thorin dans la montagne et celui encore pire des grandes flèches noires qui peuvent elles seules détruire le dragon . Puis la compagnie est alors divisée en deux parties : un groupe de nains et Bilbon se rend à Erebor tandis qu'un autre groupe reste auprès de Kili qui a été empoisonné par un orc . Si l'aventure du premier groupe est marquée par de nombreux défauts, elle reste malgré tout correcte comme nous allons le voir après avoir passé au crible les évènements survenus dans le groupe de Kili à Dale . C'est en effet à ce moment là que le film m'a le plus déçu . Pourquoi Peter ? Pourquoi avoir tant insisté sur cette partie dans laquelle rien ne va ? Tout d'abord le problème vient du romantisme entourant la pseudo histoire d'amour entre Kili et Tauriel . Si dans la première partie du film, on pouvait être compréhensif devant la scène impliquant Tauriel et Kili, car celle-ci montrait plus la compassion de Tauriel envers les Nains et notamment Kili car ils étaient injustement emprisonnés par Thranduil et la naissance d'une relation amicale teintée d'un petit faible de l'Elfe pour la beauté du Nain, on ne peut ici qu'être consterné . Pourquoi ne pas avoir laissé la relation entre Kili et Tauriel comme une simple relation d'amitié et de compréhension faisant écho à celle qui existe entre Legolas et Gimli dans le Sda ? Pourquoi avoir voulu développer une romance non seulement aussi grotesque qu'improbable mais aussi profondément inutile entre une Elfe et un Nain ? Mais Peter Jackson va encore plus loin en introduisant une scène impliquant l'utilisation de l'athelas qui semble vouloir imiter la scène du Sda entre Arwen et Frodon mais sans jamais l'égaler et en laissant planer le doute pour le troisième opus quand à la formation d'un triangle amoureux avec Legolas . Cela me permets de revenir sur ce personnage car il représente la deuxième chose qui ne va pas . En effet, Orlando Bloom non content d'être toujours aussi sur maquillé porte son personnage au sommet du ridicule lors d'un duel improbable avec le chef des orcs . Duel pendant lequel Legolas semble découvrir après plusieurs centaines d'années d'existence que son corps est susceptible de saigner . Cela vaut à son adversaire ( Bolg ) qui est d'ailleurs réalisé avec des effets numériques d'une rare laideur, de recevoir un regard noir accompagné d'une expression faciale digne de Sylvester Stallone signifiant clairement " ça va faire mal " .
Revenons en ensuite au second groupe qui parvient à atteindre la Montagne Solitaire . L'épisode de l'entrée dans Erebor avec la lune comme derniére lumière du jour de Durin est un peu long mais il est assez réussi . J'ai par ailleurs bien aimé l'idée des escaliers dans les statues permettant d'accéder à la porte dérobée . Ensuite, dès l'entrée dans la ville abandonnée par les Nains, on reste admiratif devant la beauté des immenses salles remplies de joyaux et de bijoux resplendissants . Celles-ci paraissent d'ailleurs tellement vaste que cela crée un certain manque de réalisme et le sentiment que les décors sont vraiment exagérés . Néanmoins, cela n'empêche pas d'être émerveillé par ceux ainsi que par la beauté de l'Arkenstone . C'est alors que vient le moment tant attendu ... L'apparition du personnage qui a donné son nom à ce second opus des aventures de Bilbo : le dragon Smaug . Celui-ci est grandiose, immense et impressionnant mais il ne m'a pas séduit comme je l'attendais . En effet, il s'agit d'un dragon tout à fait correct mais que je trouve moins bien réussi que Saphira dans Eragon ( d'accord j'admet que eux s'ils l'avaient loupée le film était à la limite de l'irrécupérable ) et du Magyar à pointes dans Harry Potter et la Coupe de Feu . Néanmoins, Peter Jackson a ici tenté d'innover en faisant ressembler davantage son dragon à un serpent notamment au niveau de la tête et on peut admettre qu'il a plutôt bien réussi son pari . Cependant, la scène suivante de la poursuite dans les salles incommensurables d'Erebor tient toutes ses promesses en matière d'action . Malgré tout la fin du film bien qu'exaltante est émaillée par des incohérences et des scènes discutables . En effet, à plusieurs reprises Smaug affirme pendant la poursuite qu'il ne laissera jamais les Nains et Bilbo quitter la Montagne Solitaire vivants mais il se ravise finalement et préfère partir détruire Esgaroth, abandonnant ainsi momentanément ses infinies richesses aux mains des membres de la compagnie . Je dois également reconnaître que la scène de la statue en or ne restera pas dans mes préférées du film mais qu'il faut néanmoins reconnaître le spectacle magnifique et ahurissant qu'offre Smaug entièrement recouvert d'or .
Je me dois également d'évoquer un dernier point négatif et non des moindres : la musique . Enfin, c'est plutôt l'absence de musique digne de ce nom qui m'a marqué . En effet, si Howard Shore avait sans aucun doute contribué à faire du Sda, l'oeuvre incroyable que l'on connaît, je trouve qu'il s'en était également plutôt bien sorti sur le premier opus du Hobbit notamment grâce au thème principal ( Song of the Lonely Mountain ) qui collait parfaitement bien à la quête des Nains ... Thème qui a complètement disparu de ce deuxième opus au profit de ... ben de pas grand chose en fait !
Je dois ainsi avouer que j'ai failli attribuer 6 à ce film tant ma déception ( vous l'aurez compris si avez le courage de lire cette critique interminable en entier ) était grande à la sortie du cinéma . Mais je n'ai finalement pu m'y résoudre car il s'agit de la Terre du Milieu et que je ne peux m'empêcher d'apprécier une oeuvre, même imparfaite, liée à l'univers de Tolkien . En effet, ce film est malgré tout émaillé par quelques scènes époustouflantes qui suffisent amplement à le placer au dessus d'autres films mieux réussis et plus régulier dans leur ensemble . Il bénéficie également d'une très bonne première partie ( du début à l'arrivée à Esgaroth ) qui ne possède qu'un seul défaut principal : sa durée bien trop courte . De plus, je tiens à préciser que j'ai vu ce film dans une 3D extrêmement sombre et mauvaise qui a sans aucun doute contribué à renforcer mon impression générale négative du film ( en me rappelant certains films plus ou moins ratés à cause de leur réalisation qui s'est voulue bien trop sombre tels qu'Eragon et Harry Potter et le Prince de Sang Mélé ) . J'attends donc avec impatience de pouvoir revisionner ce film en 2D afin d'infirmer ( ou pas ) certaines de mes impressions .