Un énorme et vilain écran de fumée. Le sortilège censé masquer l'armée d'orques réunie par ce Nécromancien de Sauron ne fonctionne qu'un temps. Gandalf est passé par là. Jackson use du même principe pour préparer son troisième opus, qui s'annonce quand même ébouriffant. Mais là aussi le subterfuge ne fonctionne qu'un temps, celui de quitter Mirkwood, soit une grosse heure.
Le premier film, qui était déjà bien étiré, fait figure de résumé concassé face à cette Désolation de Smaug.
Qu'il veuille découper son Hobbit en trois films de trois heures pour intégrer les appendices du Seigneur des Anneaux pourquoi pas, je serais bien le dernier à me plaindre. Mais qu'il meuble pour ça ses films, et celui-ci en particulier, de vent et de pirouettes éculées me gratte l'entre-jambe.

Nous sommes à la fin du premier film, nos compagnons ont quitté les Mont Brumeux. Reste donc à voir Beorn, Mirkwood, ses araignées géantes et ses elfes sylvestres, Esgaroth, Erebor, le cambriolage, l'attaque d'Esgaroth par Smaug et, pour rester évasif, la bataille des Cinq Armées. Le film se termine à l'avant dernier point. Comme ça le programme semble chargé. Et il l'aurait été si Jackson et sa femme n'avait pas littéralement dégommé l'histoire originale : Beorn et les araignées géantes sont traités par-dessus la jambe et surtout, où sont passés les banquets elfes dans les clairières de la forêt? S'ils s'en étaient tenus rigoureusement au texte tout en ajoutant le périple de Gandalf à Dol Guldur ils auraient tenus leur public en haleine 2h45 durant. Au lieu de ça ils expédient Beorn, les araignées et Mirkowwod en une grosse soixantaine de minutes pour nous servir à la place une amourette idiote entre une elfe et un nain, la poursuite de la compagnie par un nouvel orque livide (Bolg fils du précédent), la poursuite de l'orque livide par deux elfes (Legolas et Tauriel), des jeux de pouvoir inutiles dans la ville d'Esgaroth et surtout une interminable partie de trappe-trappe sous la Montagne entre Bilbo, les nains et Smaug (Houhou! Je suis là!... Et non grosse limace, je suis là!... Regarde plutôt derrière toi vieux reptile, on est là!... pfiouuu).

Il y a donc un sérieux problème d'écriture. Du reste Jackson filme toujours cette aventure à bras-le-corps, à la première personne (on est en quelque sorte le quinzième membre de la compagnie) et avec une naïveté et un manichéisme réconfortants en ces temps où le cynisme semble être devenu la règle numéro un dans le cinéma de divertissement américain. Le casting est lui aussi impeccable (Freeman en Bilbo ça tient quand même du génie). L'atout du film s'appelle Smaug. Il est ce que tout dragon devrait être : reptilien, majestueux, puissant, gutturale, et terrifiant (bien qu'un peu con). Le film rempli donc péniblement sa part du marché. Vu l'affluence dans la salle hier soir, gageons que le public remplira la sienne haut la main.

Sans revenir sur ma critique qui est toujours d'actualité, je rehausse la note du film de 6 à 7 suite à mon second visionnage, bien plus convaincant que le premier. Je ne me suis finalement pas tant ennuyé que ça et, mieux, je me suis d'avantage amusé. La mauvaise première impression est donc à mettre sur le compte de la fatigue intellectuelle (l'heure tardive et l'enchainement des deux films) et la fatigue oculaire consécutive à six heures de 3D dans la tronche. Comme pour la première partie et la trilogie du Seigneur des Anneaux, le film s'améliore à chaque visionnage. C'est ce qui arrive quand les films sont riches et fait avec passion.
blig
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2013

Créée

le 11 déc. 2013

Critique lue 475 fois

12 j'aime

blig

Écrit par

Critique lue 475 fois

12

D'autres avis sur Le Hobbit : La Désolation de Smaug

Le Hobbit : La Désolation de Smaug
VGM
7

La désolation du fanboy

Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson est et restera une de mes plus grandes expériences ciné ever. C'est la trilogie que je revois minimum une fois par an depuis 2003, date de sortie du dernier...

Par

le 13 déc. 2013

115 j'aime

53

Le Hobbit : La Désolation de Smaug
Hypérion
5

Le Hobbit : Les deux désastres

En fait je le sentais venir. Ce moment où le charme allait être rompu. Inconsciemment, je repoussais le jour où j'allais me rendre dans une salle de cinéma pour voir cette suite dont les affiches de...

le 27 janv. 2014

97 j'aime

14

Du même critique

Cinquante Nuances de Grey
blig
2

Le loup de Balls Street

Conversation téléphonique longue distance Seattle-New-York, une nuit chaude et électrique du mois de mai, entre un maître dominateur et son élève : Maître, Anastasia est partie... La pute...

Par

le 15 févr. 2015

279 j'aime

25

Le Labyrinthe
blig
3

The Naze Runner

- Tu t'appelles comment? - Je sais pas. - Lui c'est truc, lui c'est bidule. Eux ce sont des "runners", eux des paysans, eux des constructeurs. Comment t'as dis que tu t'appelais déjà? - Je sais...

Par

le 13 oct. 2014

250 j'aime

54

Kingsman - Services secrets
blig
7

Nique Fury

Qu'il soit gentleman ou pilier de comptoir, on interrompt jamais un homme qui boit une Guinness. Ça ne se fait pas, tout simplement. Manners Maketh Man. D'ailleurs on ne boit pas une Guinness, on la...

Par

le 18 févr. 2015

207 j'aime

8