Le Hobbit a connu une gestation douloureuse, d'abord confié au talentueux Guillermo Del Toro qui voulait en faire deux films, les producteurs ont choisi de confier le bébé à Peter Jackson pour en faire une trilogie. Et il s'agit pour ma part du pêché originel de cette adaptation qui n'a pas été pensée pour faire honneur à l'œuvre de Tolkien mais pour faire de l'argent autour de l'aura du Seigneur des Anneaux. Un voyage inattendu repend ainsi le canevas de La Communauté de l'Anneau avec un hobbit qu'on charge d'une mission périlleuse, une communauté qui se forme, un passage à Fondcombe chez les elfes et la traque sans merci d'un ennemi impitoyable. Si le talent de réalisateur de Jackson n'est plus à démontrer, si l'interprétation se montre parfaite (en particulier celle de Martin Freeman inpeccable en Bilbon) et si l'aspect esthétique n'a rien à envier à la première trilogie, le scénario manque en revanche clairement de consistance et répète beaucoup trop certaines séquences du Seigneur des Anneaux (la réunion chez Bilbon, la traque des héros par les orques, le rendez-vous à Fondcombe, la phase des gobelins qui rappelle beaucoup la Moria et l'affrontement final qui renvoie à celui contre les Uruk-hai). Il y a néanmoins de bonnes séquences comme celle de l'attaque d'Erebor par Smaug au début du film, du repas des nains chez Bilbon, de l'amusant barbecue des Trolls, des passages désopilants avec l'excentrique Radagast le Brun, de la grandiose bataille des géants de pierre ou de la très bonne scène des énigmes dans la caverne de Gollum. En outre un autre point m'a déçu, l'abondance d'effets numériques qui contrairement au Seigneur des Anneaux, rend la terre du milieu artificielle et empêche surtout de ressentir la moindre peur face à ce que vivent les héros. Je m'explique, dans le Seigneur des Anneaux la plupart des éléments étaient fabriqués concrètement, cela conférait à l'œuvre une grande véracité qui rendait palpable les évènements du scénario mais dans le Hobbit on a plus l'impression d'avoir à faire à un jeu vidéo qu'à un film et ce phénomène se retrouve dans la plupart des longs métrages sortis depuis les années 2000 durant lesquelles les images de synthèse ont prises le pouvoir. En conclusion si Un voyage inattendu ne propose pas vraiment un voyage inattendu, se repose trop sur les acquis du Seigneur des Anneaux et s'avère être trop phagocyté par les effets numériques pour provoquer le moindre frisson, il demeure un agréable divertissement grâce au savoir faire de Peter Jackson, au talent des acteurs et à la société d'effets spéciaux Weta toujours aussi compétente.