Retour au foyer
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Existe t-il un cinéaste plus insaisissable, plus anticonformiste que Lars Von Trier ? Véritable enfant terrible du Septième Art le jeune Lars réalise en 1977 l'étonnant The Orchid Gardener alors qu'il n'a que 20 ans : une sorte de croisement entre le formalisme tumultueux et très contrasté du Persona de Bergman et l'atmosphère surréaliste du Otto e Mezzo de Federico Fellini... De durée modeste ce film, en grande partie expérimental, couve en réalité une remarquable densité cinématographique. Brillant, complexe et peu bavard ce conte aux allures de fantasme nous laisse partager l'esprit du jeune Victor ( incarné par Lars Von Trier lui-même ), artiste déchu en panne de créativité complète ; le moyen métrage retrace un récit peu ordinaire, récit mêlé de passion amoureuse, de fétichisme et de morbidité.
On a presque le sentiment coupable de violer l'intimité et l'imaginaire de Victor au travers de cette fable pas si éloignée de l'Oeuvre d'un certain Georges Bataille : Histoire de l'oeil vient à l'esprit au regard de la dimension faussement autobiographique de cet objet étrangement sexué, qui ne sombre pourtant jamais dans le trivial ou la vulgarité. The Orchid Gardener s'apparente d'une certaine manière à l'antichambre du Cinéma de Von Trier, l'entrée en matière idéale pour pénétrer les obsessions et autres influences du réalisateur : références à Bergman et à Dreyer, phobies existentielles, domination sexuelle, culte voué au symbolisme et à la plastique pure et dure...
En voilà donc un film qui fait beaucoup de bien, une sorte d'essai visuel doué de richesse et d'ambition qui n'a pas peur d'assumer son héritage culturel. Sept ans avant son premier long métrage - le chef d'oeuvre The Element of Crime - le cinéaste danois fait d'ores et déjà preuve d'un gigantesque savoir-faire technique doublé d'une réjouissante identité. Très bon et beau film d'étudiant, non exempt de prétentions mais visuellement grisant et atypique. Je conseille chaleureusement !
Créée
le 5 mai 2016
Critique lue 561 fois
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