"The Falcon and the Snowman" aurait pu être un très bon film post-scandale du Watergate, une suite non-officielle du classique de Alan J. Pakula, "All the President's Men" (1976). Le sujet est là, mais pour le mettre en scène il aurait fallu le John Schlesinger de "Marathon Man" (1976) et non celui de "The Day of the Locust" — c'est malheureusement ce dernier qui a pris en charge la réalisation.
Tous les ingrédients sont là. Il y a déjà l'histoire réelle, improbable comme jamais, de ces deux pieds nickelés de l'espionnage qui deviennent des vendeurs d'informations secrète par un concours de circonstances totalement burlesque : deux amis d'enfance qui n'auraient jamais dû s'associer en dehors de cette relation, d'un côté un employé dans une agence gouvernementale grâce à l'appui de son père qui met la main sur des informations ultra secrètes et de l'autre côté un petit dealer qui fera office de courrier pour transmettre les documents aux personnes intéressées en pleine Guerre froide (via l'ambassade de Mexico). L'association paraît impensable, et pourtant... L'autre point essentiel du film, qui travaille une piste très peu explorée par le cinéma américain de la période me semble-t-il : c'est la prise de conscience du pouvoir de corruption de son gouvernement qui fait sauter le pas à l'un des protagonistes, lorsqu'il reçoit par erreur des messages qui ne lui étaient pas destinés et qui évoquent des tentatives de déstabilisation de gouvernements étrangers (en Australie notamment) par les États-Unis. Le film évoque mais ne creuse jamais ce sillon, quand bien même ce pourrait être un sujet principal, le fils qui ne suit pas le chemin du père et qui renonce à une idéologie familiale (imagée lourdement par le dressage de faucon éponyme).
Mais c'est le Schlesinger des mauvais jours, la restitution des conditions de travail dans l'agence est très poussive, très consensuelle, la façon de traiter le caractère maladroit de l'équipe est lourdingue, les rencontres avec les vrais agents soviétiques sont académiques, et Sean Penn surjoue le drogué instable (Timothy Hutton s'en sort mieux). Dommage que tant de stéréotypes soient mobilisés, tant dans l'écriture que dans la mise en scène toutes deux peu satisfaisantes. D’une histoire vraie, Schlesinger en fait un récit largement improbable, qui aurait pourtant pu produire une réflexion intéressante et originale sur les États-Unis de cette période.