Au départ, le Jeune Cassidy était un vieux projet de John Ford qui mit sur pied la production d'après l'autobiographie du grand dramaturge irlandais Sean O'Casey, il prépara le découpage et engagea les acteurs. Ayant déjà adapté "la Charrue et les étoiles" en 1936, oeuvre majeure de O'Casey, John Ford se devait de consacrer un film à cet auteur patriote de sa chère Irlande, même si son nom n'est pas nommé, remplacé par le patronyme de Johnny Cassidy.
Mais après 2 jours de tournage, Ford tomba malade et fut remplacé par Jack Cardiff qui suivit scrupuleusement le découpage prévu par Ford, et qui le signa. On a coutume de dire que c'est l'avant-dernier film de John Ford (il ne devait plus tourner qu'un seul film, Frontière chinoise), le film est parfois cité dans sa filmographie, ce qui est un peu abusif et ingrat pour le travail de Cardiff qui s'appliqua dans sa tâche ; certes, on sent parfois que le film aurait eu plus de fougue et de tendresse si le grand maître avait dirigé entièrement son film, mais en l'état, Cardiff en a fait une chronique sensible et chaleureuse.
Les scènes dirigées par Ford, essentiellement situées au début du film, représentent 18 minutes de projection dans le montage définitif ; au détour d'un plan ou d'une scène, on retrouve un peu la patte du grand cinéaste, sa passion pour la liberté et sa haine de l'oppression. L'action se situe lors de la révolte de 1916 qui fut réprimée de façon sanglante par l'armée britannique, le film montre donc de façon vibrante que dans ce conflit tragique où tout un peuple affronte une armée suréquipée militairement, le jeune Cassidy (et par conséquent O'Casey) comprend que pour défendre sa terre natale contre l'envahisseur anglais, il est parfois nécessaire de troquer la plume contre les fusils.
Un très beau film, grave et enflammé, plutôt méconnu, qui donne une vision moins poétique de l'Irlande telle que Ford l'a montrée dans l'Homme tranquille, mais tout aussi sincère et bien servie par un très beau casting, dominé par Rod Taylor dans le rôle-titre qui trouve là un de ses plus beaux rôles.

Créée

le 2 avr. 2020

Critique lue 414 fois

18 j'aime

5 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 414 fois

18
5

D'autres avis sur Le Jeune Cassidy

Le Jeune Cassidy
Cinephile-doux
6

Brute à l'âme tendre

Ce devait être un film de John Ford qui avait approuvé le script, choisi la distribution et les lieux de tournage. Tombé malade, il ne put diriger que deux scènes, Jack Cardiff reprenant le flambeau...

le 6 nov. 2019

2 j'aime

2

Le Jeune Cassidy
YgorParizel
7

Critique de Le Jeune Cassidy par Ygor Parizel

Film britannique signé par Jack Cardiff avec un casting assez typique car composé de visages bien connus du cinéma d'Outre-Manche qui avait été débuté par John Ford voulant renouveler avec son ancien...

le 4 juil. 2021

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 5 déc. 2016

95 j'aime

45