Déjà avec "Amoureuse", Doillon dénaturait la jeunesse par une analyse trop intello et glaciale. Il récidive dans cet esprit avec ce portrait d'un groupe d'adolescents.
En abordant le thème du suicide et des premiers amours chez l'adolescent, Doillon explore un sujet qui nécessite une attention particulière. Mais dès les premières scènes, et malgré une certaine délicatesse, Doillon trahi l'esprit et le ton de l'adolescence par une posture exclusivement cérébrale et excessivement adulte. En prenant le parti d'une mise en scène douloureuse, ponctuée de dialogues agaçants par leur trop grande maturité appliquée à des jeunes gens, le réalisateur s'enferme dans un exercice de style, certes original, mais qui élude bien des nuances et des réalités de l'adolescence. En excluant volontairement l'insouciance, l'innocence, la gaité, la sensation du premier émoi, le cinéaste ne met en scène qu'une idée théorique et réductrice de cet âge, à laquelle on ne saurait adhérer et s'identifier, rétrospectivement, que très partiellement.