Rescapé des camps de concentration où il a perdu sa famille, l’ancien clown et jongleur Hans Müller (Kirk Douglas) arrive sous le soleil accueillant d'Israël, où on l’installe dans un camp de réfugiés. Mais traumatisé par son expérience de guerre, Müller fuit tout ce qui la lui rappelle de près ou de loin. En s’enfuyant du camp, il blesse involontairement un policier, ce qui lui vaut d’être poursuivi par les forces de l’ordre israéliennes. Perpétuellement contraint de fuir, Müller s’éloigne de plus en plus de son rêve de reconstruire un foyer…
Edward Dmytryk aime les sujets graves, et même si ses films prêtent rarement à rire, ils sont pleins d’une authenticité qui révèle un véritable peintre de l’homme, dans toute sa densité et sa complexité.
Avec Le Jongleur, il nous offre encore un puissant portrait d’homme brisé, porté par une grande justesse. Même si le film privilégie davantage l’aventure au drame, celui-ci peut s’appuyer sur des personnages attachants et quoiqu'en-dehors d’Hans Müller, les personnages secondaires manquent d’épaisseur, cette carence est parfaitement comblée par le fait que le scénario nous les montre justement à travers les yeux de Müller et les fait ainsi apparaître comme la famille que l’homme aimerait retrouver.
A travers une nouvelle prestation grandiose, à la fois sombre et lumineuse, Kirk Douglas réussit sans problèmes à faire exister cet homme tourmenté qui préfère s’aveugler et continuer à survivre plutôt que regarder la réalité en face pour recommencer à vivre. Si le récit n’est pas dénué de quelques longueurs, il se termine en tous cas sur un de ces magnifiques finals dont le réalisateur a le secret, plein de dureté mais aussi d’espoir, qui nous rappelle ce qui fait du cinéma de Dmytryk un cinéma si noble.