Méfiez-vous parfois de ce que l'on peut vous dire, foi de masqué.


Car pour vous vendre Le Joueur de Go, certains glisseront sans doute au creux de votre oreille le mot chambara. Sauf que le film, bien que mettant en scène plusieurs samouraïs, ne compte en tout et pour tout qu'une seule empoignade. Plutôt brève. Et qui se déroule en plus vers la toute fin de l'aventure.


Remballez donc vos désirs d'action intense et fiez-vous pour une fois au titre du film figurant sur l'affiche.


Qui vous plongera dans une superbe reconstitution de l'ère Edo et vous fera suivre les pas de certains films de Kurosawa tout en modernisant un peu le genre qu'il illustre.


En prenant le temps, tout d'abord, de mettre en place toutes les pièces de son jeu avec minutie, pour ensuite en planifier chaque mouvement. Soit en épousant le rythme des deux opposants d'une partie de go. Un jeu qui, même si l'on n'en connaît pas les règles, s'avère des plus fascinants à l'image et servant de métaphore des combats que Kazuya Shiraishi refuse à son spectateur, tout comme Yanagida le déchu.


Un jeu et une philosophie qui infusent littéralement l'esprit du film, qui balance entre l'extrême sérénité apparente de son héros et ce qui bouillonne littéralement sous les pierres, qui s'emballe dans une seconde partie qui fait subitement exploser les enjeux et la puissance dramatique. Elargissant un terrain de jeu jusqu'ici contenu dans les rues d'un quartier et la maison d'un marchand d'art escroc repenti.


Une fois ce moment de bascule atteint, Le joueur de Go, double sa quête existentielle et se mue en film de vengeance ou tout est question de code, d'honneur et de loyauté, mais dépeignant son guerrier comme prisonnier de son intangible intégrité et de son passé. Montrant un personnage certes incorruptible, mais totalement déconnecté de son environnement où la faiblesse humaine et les intérêts personnels ont pris le pas.


Tour à tour méditatif et intranquille, Le Joueur de Go semble comme entrer en dissidence dans sa manière d'aborder la quête de son personnage principal.


Poétique, ensorcelante dès lors que le spectateur s'abandonnera au charme magnétique du jeu au centre du film, l'oeuvre séduit tant elle déjoue les attentes tout en déployant un humaniste touchant qui résonnera dans le cœur du spectateur longtemps après la fin du générique.


Behind_the_Mask, go pro.

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