La première partie du Jour de Gloire s’avère réussie : rythme allègre et situations cocasses trouvent dans ce village de Saint-Laurent une vigueur ludique et laissent présager le meilleur. Il suffit de voir la scène où Français et Allemands partagent les bancs d’une église, dans laquelle la population a caché – du mieux qu’elle pouvait – toutes les victuailles, pour se rendre compte du talent burlesque de Jacques Besnard, ici metteur en scène. Nous ne sommes pas loin de La Septième Compagnie, et les acteurs, comme dans la saga de Robert Lamoureux, bénéficient d’une belle complicité. Malheureusement, une fois les enjeux posés, le film piétine et brasse un ensemble de clichés très prévisibles. La transformation du benêt de service en martyr du village et de la Nation ne fonctionne pas vraiment et donne lieu à des scènes plutôt gênantes – toutes les scènes en présence de femmes, ici réduites à n’être que de vulgaires objets sexuels. Le Jour de Gloire conforte une mentalité villageoise et rurale qu’il entend pourtant dénoncer par le prisme de son personnage principal, suffisamment malin pour se saisir de la lâcheté de ses camarades et d’en tirer profit. En résulte une comédie inégale et assez vaine qui ne doit toutefois pas être traînée dans la boue : sa réalisation, très soignée, impressionne, ses effets spéciaux (explosions à volonté) sont excellents, son sens du rythme, parfois proche de The Benny Hill Show, est efficace. Manquent au film une cohérence dans le ton corrosif qu’il arbore et une construction burlesque plus rigoureuse.