Mort

C'est une besogne ardue que je me suis donner d'écrire cette critique,sans faire une banale copie de celle de Moizi. La seule autre personne à en avoir écrit une et d'ailleurs celle qui m'a fait découvrir et donner envie de voir ce film. Essayons ...

Le Jour du pain est un documentaire russe réalisé par Sergeï Dvortsevoy en 1998. Centré sur un village isolé à 80Km de Saint-Pétersbourg. Il prends place pendant les années 90,soit l'époque qui a vu l'effondrement de l'URSS qui a entraîné une grande période de criminalité et de misère pour la Russie. Ce qui avait surement aggravé encore plus la situation de village isolé et abandonné.

Le film s'ouvre sur un plan où l'on voit la dizaine de vieillards qui habitent le village pousser un wagon de train jusqu'à la bourgade. La longueur du plan,son silence,le faite que ces vieillards poussent le train sans parler,la tête basse en poussant seulement quelques soupirs reflète bien à quel point il est difficile de pousser ce chariot dans le froid. Mais on comprends son importance à la fin du plan quand on voit que le fourgon contient du pain pour nourrir le village.

Ce plan-séquence est suivit d'un plan où le réalisateur,posé (probablement) sur une colline tourne sa caméra pour nous montrer le village. S'offre alors à nous la vision d'une bourgade désolée,de plaines blanchis jonchés de grands bâtiments en ruine et de maisons ensevelies sous la neige.
Ce sont des paysages à la fois beaux et cruels car les ruines sont les vestiges d'une vie meilleure pour se village maintenant disparue. C'est encore pire de se dire qu'il est très probable que ce village ait disparu aujourd'hui comme il n'était habité que pas des vieux et que ses conditions de vie ont probablement faire fuir les jeunes vers les villes. Laissant le village mourir à l'abandon dans l'indifférence du reste du monde !

Les longs plans-séquences lents et silencieux qui le composent donnent vraiment un sentiment d'agonie et de vieillesse. Une technique que l'on retrouvera dans des films qui le suivront comme dans La Mort de Louis XIV d'Albert Serra.

C'est un film dans la même veine que ceux d'Eisenstein mais le réalisateur,même si il s'inspire de lui,arrive à proposer quelque chose de différent tout en gardant la principale règle de ce dernier: redonner de l'importance au peuple.

Et loin d'être une vision romantisée de la campagne ou du peuple en général. Le Jour du Pain montre des villageois qui s’engueulent et qui sont prêts à garder plus de pain pour eux,quitte à ce que d'autres n'en ait pas.

C'est un documentaire d'une dureté et d'une cruauté rare. Quasiment un conte sur la vieillesse et en termes cinématographiques,c'est l'un des meilleurs documentaires qui n'a jamais été fait.
Dommage qu'il soit rare et pratiquement introuvable car c'est un film qui mérite d'être vu par beaucoup de gens.