Le film commence comme une comédie romantique pour mieux nous surprendre lors de son revirement de ton et de sa plongée vers le drame. Cette écart dynamique renforce les sentiments que l'on éprouve pour nos deux personnages principaux et notre tristesse à les voir s'enfoncer dans la déchéance et l'autodestruction. Le film est superbement interprété; Jack Lemmon y met une intensité dramatique folle, et Lee Remick y est constamment touchante, Charles Bickford y est parfait de sobriété dans le rôle du père de Kirsten, et le toujours excellent Jack Klugman vient compléter un casting très réussi.


Le film se veut un plaidoyer à charge contre l'alcool, au point par moment de presque tomber dans le film de prévention scolaire un peu cliché du genre "Winners don't take drugs". Certains moments sont tellement appuyés qu'ils finissent par obtenir l'effet inverse de celui escompté, malgré une interprétation de premier ordre de la part de Lemmon et Remick. Ça vient sans doute du fait que les crises de manque sont souvent placées au mauvais moment, lorsque le personnage est déjà fin cuit, plutôt que lorsqu'il est sobre ou légèrement alcoolisé et cherche à assouvir son vice. Donc oui, par moment, c'est un peu trop appuyé, et ça m'a un peu forcé à créer dans mon esprit des scènes parodiques digne des ZAZ, et donc de me faire pouffer à un moment plutôt inapproprié; peut-être aussi en partie pour soulager la tension psychologique insoutenable induite par ces scènes (que nous nommeront sobrement la scène de la serre, et la scène du drugstore), ce qui prouve qu'elles sont tout de même très réussies sur certains aspects malgré leur côté too much.


Mais plus que dans sa description de la déliquescence engendrée par l'alcool, c'est dans cet amour profond qui lie ce couple que le film de Blake Edwards s'avère poignant à l'extrême. La dernière scène du film est un bijou absolu de mise en scène et d'interprétation, déchirante au possible, dont la dernière image (le reflet de Lemmon dans la vitre et ce panneau lumineux clignotant qui s'y reflète également , illustration visuelle parfaite du conflit interne du personnage) conclut le film de manière magistrale, et appartient au registre de ces images définitives et inoubliables qui font à jamais partie de vous et de l'histoire du cinéma.

Créée

le 4 sept. 2021

Critique lue 284 fois

13 j'aime

1 commentaire

Samu-L

Écrit par

Critique lue 284 fois

13
1

D'autres avis sur Le Jour du vin et des roses

Le Jour du vin et des roses
Samu-L
8

Boire et Déboires

Le film commence comme une comédie romantique pour mieux nous surprendre lors de son revirement de ton et de sa plongée vers le drame. Cette écart dynamique renforce les sentiments que l'on éprouve...

le 4 sept. 2021

13 j'aime

1

Le Jour du vin et des roses
Heurt
7

Blake Edwards en mode dramatique.

Le Blake Edwards dramatique est nettement moins bon que le Blake Edwards comique. The day of wine and the roses démarre en construisant habilement sa situation. Mais une fois le couple réunit le...

le 12 mars 2023

7 j'aime

Le Jour du vin et des roses
Boubakar
9

Critique de Le Jour du vin et des roses par Boubakar

J'ai trouvé les acteurs excellents, on est vraiment saisis par la chute de l'un, qui entraine l'autre inévitablement. Cependant, c'est la femme qui a le plus de mal à s'en sortir, alors qu'elle était...

le 14 juin 2011

4 j'aime

Du même critique

Star Wars - Le Réveil de la Force
Samu-L
6

Star Wars Episode VII: A New Hope Strikes Back

Divulgâchage épique dans ce billet!!! Au départ, j'avais décidé de pas intervenir. Je m'étais dis: " mon petit Sam, est-ce que ça vaut vraiment la peine de t'embarquer là dedans? Parce que tu sais...

le 18 déc. 2015

286 j'aime

97

Joker
Samu-L
8

Renouvelle Hollywood?

Le succès incroyable de Joker au box office ne va pas sans une certaine ironie pour un film qui s'inspire tant du Nouvel Hollywood. Le Nouvel Hollywood, c'est cette période du cinéma américain ou...

le 8 oct. 2019

235 j'aime

14

Monty Python - La Vie de Brian
Samu-L
10

I say you are Lord, and I should know. I've followed a few

On est en 1993, j'ai 15 ans (enfin plus ou moins), et je m'ennuie un peu en cette soirée d'hiver, je déprime pas mal aussi. J'allume la télévision et je zappe d'une série B à une série française...

le 4 mars 2012

208 j'aime

20