Non, il ne s'agit pas de la mère
Le Jour où je l'ai rencontrée est un film romantique dont le but est de capter l'air du temps. D'un temps où les hésitations sont fortes, où on ne sait pas de quoi la vie est faite, un temps que tout le monde a traversé un jour dans sa vie ou va le traverser. C'est le cas pour Georges, jeune surdoué en proie à de terribles angoisses existentielles qui ne sont pas sans rappeler celles d'Oskar, autre enfant troublé par des questions existentielles et héros du film Extrêmement fort et incroyablement près.
Pour incarner Georges, le garçon qui monte, monte depuis qu'il a incarné Arthur dans la trilogie des morpions de Luc Besson. Au lieu de s'enterrer comme les autres acteurs de son âge qui n'ont jamais su ou voulu persister dans le cinéma, Freddie Highmore arrive à se constituer une filmographie consistante. Dans le film du jour, il arrive à amener son jeu tout en finesse pour faire de Georges un garçon à la fois agaçant mais touchant. Malgré tout, je lui reproche un faciès mono-expressif, c'est plus dans son regard qu'il faudra se plonger pour discerner les variations de son jeu.
En face, la jeune femme, Emma Roberts, déjà vue dans Scream 4 mais aussi le très bon It's kind of a funny story dont le synopsis ressemble beaucoup. On sent le penchant pour la demoiselle pour les histoires d'amour tristes, romantiques et aussi profondément réalistes. Malgré tout, là où It's kind.. surprenait par le choix du lieu (un hôpital psychiatrique) et ses acteurs portés par un Zack Very Bad Trip Galifianakis en pleine forme. Le Jour où je l'ai rencontrée peine à exister en dehors de ses acteurs, accumulant les rôles secondaires clichés et peu intéressants (hormis peut-être la mère de Georges).
Oui, le film peine beaucoup en dehors de la relation qui relie ses deux acteurs principaux, une relation ambiguë, pleine de non-dits, sadique dont un plan marque l'apothéose: suite à une dispute, les deux personnages se croisent dans la rue et font mine de ne pas se connaître. Un plan tellement puissant car elle fera appel à nos souvenirs les plus douloureux d'une histoire d'amour qui ne s'est pas terminée ou qui est morte-née.
Le gros problème de Le Jour où je l'ai rencontrée en plus des personnages secondaires et son scénario classique (même si sa sincérité fait plaisir) demeure dans la réalisation trop plate, n'arrivant jamais à se sublimer hormis sur le plan cité dans le paragraphe ci-dessus. Puis bon, le héros principal est agaçant. Le genre d'ado qui passent la moitié de son temps à se lamenter et à errer comme une âme en peine dans la rue ou dans sa chambre. Là où le film surprend, c'est par l'incroyable souplesse des professeurs et du proviseur. Une souplesse qui parait presque aussi surréaliste qu'un docteur qui se transforme en monstre tout vert.
Dans le style film scolaire, on a vu bien mieux comme Coach Carter avec Samuel L. Jackson par exemple. Dans le style comédie romantique, It's kind of a funny story est bien mieux mais malheureusement n'aura pas eu l'honneur de sortir dans nos salles. Dommage surtout quand Le Jour où je l'ai rencontrée y a eu droit.
Pour ceux qui n'ont pas compris le titre, c'est juste une allusion au sitcom How I Met Your Mother (Comment j'ai rencontré ta mère en français).
Conclusion :
Le film lorgne par moment la falaise du pathos tout en prenant garde à ne jamais tomber dedans, il offre une histoire d'amour sincère et probablement inspirée du vécu de l'auteur toutefois n'arrive jamais à s'extirper des clichés classiques du genre, la faute à un scénario assez convenue, des personnages secondaires peu développés donc inintéressants et une réalisation banale.