06/02/1934.

6 février. Manif de la droite. Tous les arbres ont dénudé leurs pieds pour l’occasion: leurs plaques de fer viennent complaisamment alourdir des camions, qui les enlèveront à la foule. Des pavés aussi se mettent à fuir par milliers. Y a une balustrade qui n’a presque plus de balustres, et qui tient encore toute droite, bien trop habituée à figurer place de la Concorde pour oser changer de position. 

Un autobus crame, sans réclamer d’avoir un sursis jusqu’à sa station favorite pour disparaître dans de meilleures conditions. 

Vingt cadavres, et il reste encore des dames pour se pencher sur ces horizontalités. Les trottoirs alentour s’en souviendront longtemps, et les journaux encore plus longtemps. La police n’avait pas pensé que la nuit laisserait un peu de lumière aux caméras. 

7 février. Le petit matin et les chiffonniers n’oseront rafler tous les vestiges de la manifestation. Faut bien laisser un peu de spectacle aux badauds lève-tôt.