Jeanne Moreau,actrice entière et femme engagée,ne pouvait trouver que de la matière dans cette femme de chambre débarquant dans une maison dégénérée.Bourgeois et domestiques ne valent pas mieux dans cette histoire où les bas instincts ressortent, où les libidos plus ou moins affirmées s'affichent où le jeu de rôles vire vite au malsain. Célestine est cependant une âme qui ne renonce pas à se défendre physiquement et verbalement et sa conduite force le respect dans la première partie du récit idéalement amenée par Bunuel.Le réalisateur réussit aussi à filmer les affrontements,les ruptures et provoquer notre bouillonnement intérieur face au duel vain de Célestine suite au fait divers qui touche de près sa communauté.La où Bunuel pêche un peu, c'est à décrire plus en profondeur la décision de Célestine de faire rendre la justice.Cette posture doit plus se constater dans le récit original de Mirbeau utilisant la forme du journal.Bunuel,devant penser que cette forme littéraire ne rentrait pas en résonance avec le cinéma,a préféré décrire et faire ressentir.Ce n'était pas forcément la meilleure option.L'un dans l'autre,son adaptation captive,fait réagir et est loin d'être impersonnelle.Mention spéciale à Michel Piccoli et Jean Claude Carrière incarnant deux des personnages les plus cyniques et odieux de l'histoire. Le mari obsédé sexuel et ce curé venant chercher le sou pour rénover sa paroisse (en jouant le confesseur concerné) sont aussi les plus irrécupérables. Pour l'époque, Journal d'une femme de chambre était un pavé dans la mare et montrait à la France un visage rance où la morale n'est même pas sauve.Le mot FIN surgissant de nulle part comme un ultime pied de nez à cette odieuse comédie humaine où la justice n'aura pas fait ce qu'on attend d'elle.