Délicieuse critique de la France opportuniste et rance de nos campagnes d'autrefois, le film est porté par une Jeanne Moreau magnétique. Et l'on peu dire qu'elle ni rose, ni idéale cette campagne française, je dirais même particulièrement obscène, mais c'est avant tout l'homme qui est ciblé comme souvent avec notre cher Bunuel.
Son rapport à la femme, avec ces hommes qui convoitent, qui manipulent, qui exploitent toutes les femmes qui croisent leurs chemins. Le patriarcat règne... Encore une fois la condition de la femme est terrible, Céléstine essaye de s'extraire de ces monstres mais bien vite elle ce voit contrainte de composer avec en permanence pour essayer de faire justice ou de s'en extraire mais ce fait inexorablement piéger, pour simplement, survivre.
Le France vue de l'intérieur fait peur à l'image de Joseph, nationaliste militant, monstre ordinaire qui agit en tout impunité, à toute la confiance de la bourgeoisie, une bourgeoisie lâche et décadente qui se complet dans son confort (avec un Michel Piccoli magnifiquement comique).
Un écho intemporel ici dépourvu d'artifice et mis à nue à l'image d'une réalisation aussi belle que classique, en effet ici aucun effet de style dans une mise en scène pour appuyer son propos, aucun artifice habituel du cinéaste qui agit en parfaite adéquation, cette simplicité que de présenter les choses sans artifice est un coup de génie.
Oui, c'est très intelligent et fin, comme à chaque fois avec Bunuel, plus profond qu'il n'y parait et même si l'envie de démontrer chaque des scènes dans leur sens caché me titille, ce n'est pas la peine, tant tout y est facilement accessible à qui prend le temps d'une deuxième lecture.
Un grand classique d'une efficacité rare avec ce final absolument glaçant dans une époque d'avant guerre, faisant terriblement écho aujourd'hui.