Sûrement le premier grand chef-d’œuvre populaire de Chaplin. Pour bien montrer ses ambitions, il le tourne déjà dans une durée inédite : une heure, ce n’est certes pas du court-métrage, même plus du moyen… D’entrée, Chaplin joue dans la cour des grands, son exposition étant digne des noms les plus prestigieux de l’époque (Griffith, Von Stroheim, Vidor…) La construction de ce petit récit dont tout le monde connaît la trame est exemplaire de simplicité apparente et de virtuosité effective. Je me souviens avoir vu ce film pour la première fois alors que j’étais un jeune adulte en compagnie de ma grand-mère, alors âgée de plus de quatre-vingts ans. Alors qu’elle peinait d’ordinaire à comprendre l’intrigue d’un film et malgré le handicap de l’absence de paroles, elle n’eut aucun mal à suivre, commentant même chaque plan avec émotion… Quelle meilleure preuve de l’universalité de Chaplin ? Par ailleurs, on soulignera bien sûr la qualité de son interprétation puisqu’il se hisse là encore en dessus de ce qu’il faisait chez la Mutual ou dans les premiers films de la First National. Soulignons également évidemment le miracle de distribution qui fit donner le rôle de l’enfant le plus connu de l’histoire du cinéma à Jackie Coogan, rôle qu’il éclaboussa de sa grâce juvénile à tout jamais immortelle.