Un divertissement qui ne nous perd jamais
Si Harry Potter a lancé la mode des adaptations cinématographiques de sagas littéraires pour adolescents dont Hunger Games, ce dernier a lui-même permis un nouveau genre de divertissements. Celui où des longs-métrages s’inspirent plus particulièrement d’œuvre de science-fiction (ou d’anticipation) mettant en scène de jeunes personnages (entre 13 et 22 ans). C’est ainsi que nous avons pu voir récemment des films sortir sur nos écrans tels que Les Âmes Vagabondes ou encore Divergente (dont le succès commercial va permettre la réalisation de ses suites). Sans compter les prochains à venir, comme The Giver (sortie française prévue le 29 octobre). Ici, il est question du Labyrinthe (The Maze Runner en VO), projet que personne n’attendait spécialement mais qui a étonné tout le monde par son carton au box-office américain et des critiques au-dessus de la moyenne. Et cela, Le Labyrinthe le doit à quelques unes de ses qualités.
Malgré l’accroche « d’après le best-seller mondial », marque de fabrique inévitable des adaptations de ce genre de livre, qui connait véritablement la trilogie de James Dashner intitulée L’Épreuve ? Un sérieux handicap pour un projet qui doit se hisser à la hauteur de succès tels qu’Hunger Games et Divergente. D’autant plus que le film a coûté seulement 34 millions de dollars (d’habitude, ce genre de production affiche 80 millions au minimum) et que la recherche d’un distributeur (qui sera finalement 20th Century Fox) s’est avéré chaotique. Sur le papier, Le Labyrinthe avait tout pour se casser les dents, et en beauté ! Mais c’était sans compter sur la persévérance du réalisateur Wes Ball (dont c’est le premier long-métrage) et de ses producteurs, qui ont tout misé sur la promotion du film : des cartes et affiches à l’effigie des personnages, une bande-annonce intrigante… Tout pour inciter le public, de tout âge, à venir découvrir cet univers que le film nous propose.
Et du mystère, Le Labyrinthe nous en offre jusqu’à la toute dernière séquence ! Un suspense soutenu à la perfection par une méthode scénaristique certes scolaire mais sur le coup d’une redoutable efficacité : démarrer le film du point de vue d’un protagoniste qui en sait autant que le spectateur sur ce qui l’entoure, à savoir rien. Presque deux heures de découvertes intenses qui fournissent leur lot de rebondissements, de personnages attachants et travaillés et de moments de bravoure. Même si les défauts inhérents au genre ne peuvent être évités, comme des clichés redondants et des répliques plutôt tartes (« Tu le donneras à mes parents s’il m’arrive quelque chose ? » « Non, tu le leur donneras toi-même ! ») qui rendent prévisibles certains passages, voire des incohérences assez visibles (à la dernière scène, un personnage surgit de nulle part et sans raison), l’ensemble tient la route. On entre facilement dans cet univers pour ne jamais en ressortir jusqu’au générique de fin. Et sans avoir une amourette à l’eau de rose, s’il vous plaît ! D’accord, le personnage féminin est sous-exploité et la romance devrait venir dans les suites à venir. Mais avouez qu’un film qui se concentre plus sur son postulat plutôt que d’émoustiller les romantiques, cela apporte une grande fraîcheur au genre !
D’autant plus que pour un budget aussi faible pour une telle production, le résultat visuel est des plus convaincants. Il est vrai qu’Hollywood nous a livré bien mieux en matière d’effets spéciaux numériques (certains plans sentent le fond vert). Mais vu le coût du long-métrage et de ce qui se fait actuellement, cela tient presque du miracle si cela se montre à la hauteur de Divergente (dont le budget s’élevait à 85 millions de dollars). Du coup, on tremble assez facilement face aux Griffeurs (les créatures qui hantent le labyrinthe) et on se laisse convaincre par le décor. Et pour un premier long-métrage, Wes Ball s’en sort très bien. Même si sa mise en scène n’est pas spécialement originale, elle arrive toutefois à maintenir un sentiment de tension tout au long du film, allant même jusqu’à proposer une ambiance horrifique bien sympathique (attention, certaines séquences ne conviennent pas aux âmes sensibles). Ajoutez à cela un casting principalement composé de comédiens issus de la télévision (comme la série Teen Wolf) et qui se montrent assez prometteurs (Will Poulter, venant de Narnia 3 et des Miller, livre ici une prestation à contre-emploi), et vous avez un divertissement sans prétention suffisamment efficace.
Une bien bonne surprise que ce Labyrinthe, qui fait bien mieux que Divergente, que ce soit sur le plan critique ou commercial. Du coup, il nous tarde vraiment de découvrir la suite des aventures de nos héros et d’en découvrir bien plus sur cet univers qui nous est ici proposé. Un second opus qui doit, normalement, débarquer sur nos écrans en automne 2015 et qui, espérons-le, aura la même prestance que ce long-métrage.