C'est beau. Le scénario, les peintures, les bagarres, la politique, les sentiments, les styles de vêtements, les débats éthiques, les lumières...
Il y a des espaces temps qui sont plus importants que les histoires qui s'y déroulent. Il y a toujours des moments d'ennui dans les histoires de fuites. Et puis il faut savoir s'adapter à l'environnement, aux endroits de vies, aux espaces de passages, aux non-dits conformistes, aux actions non-légales, ... Ici rien de spectaculaire, pas d'intuition géniale, juste une lutte pour une survie que l'on sait de courte durée, cet élan vital qui reprend son souffle au bord du lac. Lieu de villégiature où on ne sait qui travaille et qui prend son pied et son temps.
Alors pour tout ça il faut bien des tableaux colorés, bien agencés, sorte de panneaux glissant de décor qui se remplacent fluidement les uns et les autres. Sans chronologie mais toujours vers une fin, cette ultime délivrance.
Oui on suit un malfrat, mais en écho la police s'organise pareil que les gangs. Cherchez la légitimité. Oui on suit une prostituée, mais en écho les ouvrières vivent sous la même pression. Cherchez les coupables.
Ce thriller n'est haletant qu'à la condition de laisser ses personnages reprendre leur souffle avant de reprendre leurs courses. Et puis le reste du monde qui leur est indifférent. Du coup on s'attache au moindre personnage secondaire, pour reconstituer la fresque, le réseau. Et au moment où l'on croit que ça s'arrange, paf le gore absurde, l'horreur réaliste ou l'angoisse existentielle s'imposent à nos regards perdus. Et c'est reparti.
Un huis clos en plein air. Et un sac couleur céladon.