C'est beau. Le scénario, les peintures, les bagarres, la politique, les sentiments, les styles de vêtements, les débats éthiques, les lumières...


Il y a des espaces temps qui sont plus importants que les histoires qui s'y déroulent. Il y a toujours des moments d'ennui dans les histoires de fuites. Et puis il faut savoir s'adapter à l'environnement, aux endroits de vies, aux espaces de passages, aux non-dits conformistes, aux actions non-légales, ... Ici rien de spectaculaire, pas d'intuition géniale, juste une lutte pour une survie que l'on sait de courte durée, cet élan vital qui reprend son souffle au bord du lac. Lieu de villégiature où on ne sait qui travaille et qui prend son pied et son temps.


Alors pour tout ça il faut bien des tableaux colorés, bien agencés, sorte de panneaux glissant de décor qui se remplacent fluidement les uns et les autres. Sans chronologie mais toujours vers une fin, cette ultime délivrance.
Oui on suit un malfrat, mais en écho la police s'organise pareil que les gangs. Cherchez la légitimité. Oui on suit une prostituée, mais en écho les ouvrières vivent sous la même pression. Cherchez les coupables.


Ce thriller n'est haletant qu'à la condition de laisser ses personnages reprendre leur souffle avant de reprendre leurs courses. Et puis le reste du monde qui leur est indifférent. Du coup on s'attache au moindre personnage secondaire, pour reconstituer la fresque, le réseau. Et au moment où l'on croit que ça s'arrange, paf le gore absurde, l'horreur réaliste ou l'angoisse existentielle s'imposent à nos regards perdus. Et c'est reparti.


Un huis clos en plein air. Et un sac couleur céladon.

Misarweth
8
Écrit par

Créée

le 19 janv. 2020

Critique lue 136 fois

Misarweth

Écrit par

Critique lue 136 fois

D'autres avis sur Le Lac aux oies sauvages

Le Lac aux oies sauvages
EricDebarnot
4

Le lac d'ennui sauvage

J'aime - et je soutiens autant que je peux à mon tout petit niveau - le cinéma chinois (... en tous cas tout ce qui n'est pas le cinéma "officiel" du régime, qui va de plus en plus vers la copie...

le 28 déc. 2019

62 j'aime

18

Le Lac aux oies sauvages
Velvetman
8

Sortez le parapluie

Réussissant tout ce qu’il entreprend avec une facilité déconcertante, Le Lac aux oies sauvages est un sérieux candidat aux honneurs finaux de la sélection de ce Festival de Cannes 2019. Le long...

le 24 déc. 2019

33 j'aime

Le Lac aux oies sauvages
takeshi29
9

En rose c'est noir

Voici donc la petite chose qui m'a obligé à quitter "Yves", et que j'ai abordé non sans fébrilité, tant je l'attendais comme un fou depuis Cannes. La peur d'être déçu certainement, comme j'avais pu...

le 28 juin 2019

32 j'aime

23

Du même critique

No pasarán, le jeu
Misarweth
8

Le gamer politique

Classé en fantastique après quelques hésitations, les puristes se récrieront, je prend le risque. Livre certes dans une collection s'adressant à l'origine plutôt aux adolescents mais qui, dans son...

le 27 mars 2011

9 j'aime

Spinoza encule Hegel
Misarweth
10

Critique de Spinoza encule Hegel par Misarweth

Avant Mad Max, après mai 68, il y a Pouy. Petit opus, qui se lit vite, qui se déguste par paragraphe. Ça exhale la furie, ça suinte la référence littéraire, ça délire la nomination. Les piteuses...

le 27 mars 2011

9 j'aime