Zombies Verts

Nous sommes à la fin des années 70 lorsque Jean Rollin remplace au pied levé Jesus Franco sur le tournage du film Le lac des morts vivants pour la firme Eurociné, grande spécialiste du film à budget réduit à son strict minimum vital. Si Rollin s'était déjà frotté aux films de zombies avec Les raisins de la mort en 1978 cette fois ci il ne sera pas vraiment satisfait du résultat au point de ne jamais vraiment assumer la paternité de ce curieux rejeton de sa filmographie en le signant sous le pseudonyme de J.A. Lazer..

Le lac des morts vivants raconte l'histoire d'un village dont le lac , ancien lieue de sacrifices sataniques, est hanté par des soldats nazis balancés à la flotte par des résistants et qui reviennent régulièrement à la vie pour s'attaquer aux baigneuses imprudentes et aux villageois.

Si le films est souvent involontairement très amusant il n'est pas non plus de la trempe des plus hilarants des nanars car aussi réjouissant soit il, Le lac des morts vivants est aussi souvent très soporifique et ennuyant. Mais bien heureusement il reste entre deux bâillements et trois micro siestes de nombreuses raisons de se réjouir de cet ovni directement venu de la planète sidérale et sidérante du Nanar. Comment en effet ne pas sourire et s'amuser des maquillages de ses soldats morts vivants verdâtres peinturlurés à la gouache et tartinés de latex mal collé dont les couleurs dégoulinent dès qu'ils sortent de l'eau et qui par soucis d'économie ne sont jamais maquillés entièrement. Nos braves morts vivants aux tronches de salade verte semblent aussi un poil obsédés de la cuisses vu l'application qu'ils mettent à s'attaquer essentiellement à des jeunes femmes à poil ou en train de se tripoter la culotte et le porte jarretelle. La palme du mort vivant revenant sans doute à ce figurant soldat auquel on a eu la curieuse idée de mettre un nez ensanglanté rouge vif au milieu de sa tronche verte ce qui fait de lui le seul et unique zombie nazi clown libidineux aquatique et bio de l'histoire du cinéma. Niveau gore les zombies se contentent de cracher une sorte de flotte coloré à la grenadine ou de soupe de tomates en embrassant le cou de leurs victimes comme des vampires, du coup ils attaquent systématiquement la bouche fermée et lorsque deux morts vivants s'en prennent à un flic neurasthénique interprété par Jean Rollin himself en lui boulottant le visage on a la sensation très étrange qu'ils le couvrent de petits bisous avant de lui sucer (........suspens ........) la jugulaire.

Bourré de faux raccords, de comédiens approximatifs, de figurants potiches ou hilares et de dialogues très cons Le lac des morts vivants cultive tellement l'art de l’ellipse qu'il pourrait provoquer un accident cérébrale auprès des esprits les plus cartésiens qui chercheraient par exemple à comprendre à quelle époque se situe le film. Car si tout donne à penser visuellement que le film se situe dans les années 70 , l'histoire donnerait plutôt à croire que l'action se situe vers 1955 (??) . Après si on cherche des explications rationnelles à tout il faudra trouver pourquoi une équipe féminine de basket joue au volley, pourquoi cette même équipe passe d'un plan à l'autre d'une douzaine de donzelles à poil à quatre figurantes ou pourquoi on semble passer parfois du jour à la nuit sans la moindre transition ?

Pour conclure que dire de plus que les mots de Jean Rollin lui même sur son film "Eurociné était une compagnie étrange. Ils étaient réellement convaincus que des films comme "Le lac des zombies" étaient de très bons films d'horreur ! Ils vivaient sur une autre planète ! C'était tellement étrange que cela devenait merveilleux ".