Le livre d'image : il est temps de tourner la page

Honnêtement je savais à quoi m'attendre en allant voir ce nouveau film de Jean-Luc Godard. Je savais que je verrai un film qui serai dans la continuité du précédent "Adieu au langage". J'y suis également allé en effaçant de mon esprit que c'était Godard, LE Godard qui avait réalisé ce long-métrage. Je savais que si j'y allais avec cette idée dans la tête je lui pardonnerai toutes les incompréhensions que j'allais subir en voyant son film.


Je pense que je n'ai pas vu un film aussi horrible que ça depuis des années, depuis "Adieu au langage" d'ailleurs je pense. Honnêtement même en se concentrant de toutes ses forces, il est impossible d'apprécier, de comprendre, d'articuler un soupçon d'une quelconque histoire.
Bizarrement ce film s'oppose à son précédent : là où "Adieu au langage" transmettait un message poétique, comme un testament (bon là toujours à la Godard, donc très insupportable à regarder), "Le livre d'image" livre ici une accumulations d'images sombres portées dans une ambiance austère et oppressante.
Je crois que c'est la première fois qu'un film me donne un mal physique : on a mal au ventre à force de regarder ce film, que dis-je ce film ? Cette insulte de la part de Godard envers tout le monde.


On a même pas le temps d'essayer de comprendre une scène, que ça coupe directement pour passer à autre chose, le son est saturé, c'est filmé en négatif, en 3D, on voit des films d'archives, des trains, des bombes, un drapeau arabe, le son part à droite, à gauche, on entend en voix-off la voix rauque de Godard lui-même. D'ailleurs à la fin en parlant il s'excite et on l'entend cracher, c'est vraiment dégueulasse. On sent qu'il se fout de tout le monde, et surtout des gens qui vont payer pour voir ça. C'est une honte de sélectionner ce film, et surtout de lui avoir donné un prix. On voit que ce prix récompense l'oeuvre d'une vie... en tout cas je l'espère car on ne peut pas décemment récompenser un tel film.


Je pense que le quart de la salle à Cannes s'est vidée au fur et à mesure. Je suis resté jusqu'à la fin par politesse, de toute manière impossible de partir les personnes assises à mes côtés sommeillaient. On sort de la séance traumatisé, violé.


Tout n'est pas à jeter il y a 2 ou 3 éléments intéressants où Godard commence une réflexion sur la question arabe et le monde contemporain, mais, rattrapé par son envie de nous égarer il abandonne vite son argumentation pour se livrer dans un délire visuel et sonore qui n'amuse désormais que lui.

VictorRoussel
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le 22 mai 2018

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