Fast & Curious
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Dès les premières minutes du Livre de la jungle, on voit Mowgli faire usage de techniques : alors que tous les animaux boivent au lac, lui se fabrique une cruche, et des cordes afin d’aller chercher l’eau au milieu du lac et la boire tranquillement ensuite. Les loups qui lui servent de famille, ainsi que la panthère Bagheera, s’offusquent de cet usage d’« astuces » qui n’ont pas lieu d’être dans la jungle. Pourtant, comment pourra-t-il survivre dans la jungle sans faire usage de la technique ? C’est bien ce que lui dit le tigre Shere Khan tout à la fin du film, après l’avoir désarmé : tu n’as ni griffes, ni fourrure, dit-il, alors tu n’es rien, tu n’as aucune défense. Tu es, en fin de compte, le plus faible des êtres vivants : mais moi, le tigre, je suis le meilleur, je suis le mieux pourvu par la nature. L’intrigue du film est la suivante : pour le sauver de Shere Khan qui veut le dévorer, et qui est l’animal le plus puissant, Bagheera doit reconduire Mowgli au village des hommes, car seuls les hommes sont assez puissants pour affronter le tigre. En effet, les hommes ont une arme secrète, destructrice, qui les place au-dessus de tous les êtres vivants : ils ont le feu, que les animaux de la jungle appellent joliment la « fleur rouge. » Une fleur, sans doute, parce que la vue du feu est splendide : le feu est beau et fascinant. Mais il est rouge comme le sang, parce qu’il détruit tout sur son passage et que bien souvent, il est hors de contrôle. Le feu est le signe des hommes : c’est grâce à lui qui l’on voit le village des hommes au loin et que les animaux le reconnaissent.
Il n’y a que deux personnages dans cette jungle qui, loin de dissuader Mowgli de faire usage de techniques (leur crainte à tous étant que Mowgli devienne, justement, un « homme », et qu’il détruise la jungle toute entière) : le premier est Mr « Bare necessities », Baloo, qui est un ours fainéant qui a bien compris à quel point la technique permettait de se faciliter la vie. Loin d’être vraiment celui qui se contente de « peu pour être heureux » comme dans le dessin-animé, lui en veut toujours plus, bien plus qu’il n’en a besoin, et va persuader Mowgli de « travailler » avec lui pour lui obtenir tout le miel de la jungle, beaucoup plus qu’il n’en a besoin, pour son seul plaisir. La chanson qui est d’ailleurs reprise, « Il en faut peu pour être heureux », devient très ironique puisque justement, il ne se contente pas de peu et en veut beaucoup. Baloo, entraîné dans la fascination de la technique, fait lui aussi preuve d’hybris, mais heureusement le sage Bagheera va l’arrêter avant qu’il ne lui arrive malheur. Car tous ceux qui font preuve d’hybris le paient très cher, c’est ce que nous allons voir avec le deuxième animal qui aimerait obtenir la technique, le singe Roi Louis. Si dans le dessins-animé ce n’est qu’un singe fan de musique qui passe son temps à jouer et chanter, Roi Louis ici est un singe qui veut se hisser au rang d’humain. Et il est bien parti : il vit dans un temple fabriqué en pierres, et possède des objets humains. Mais ce qu’il veut, et qu’il n’a pas, c’est la fleur rouge. Il veut le feu, et pour une seule raison : il veut être le maître de la jungle. Il veut être, véritablement, « maître et possesseur de la nature » (comme disait Descartes), ce qui n’est possible que grâce à la puissance du feu. Mais le Roi Louis va regretter d’avoir fait ainsi preuve d’hybris, et je ne dis rien pour par spoiler.
La suite sur : http://carolinegiraud.blogspot.fr/2016/12/promethee-et-mowgli-la-creation-de.html
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Créée
le 11 déc. 2016
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