Disney signe enfin une adaptation live réussie !

Alice au Pays des Merveilles version Tim Burton : un énorme délire visuel pas toujours agréable pour la rétine et qui manquait cruellement d’âme et même d’intérêt. Maléfique : une véritable insulte envers LA méchante toute catégorie confondue, transformée pour l’occasion en une gentille gnangante à souhait dans un film tout aussi bas de plafond et ce malgré de somptueux graphismes. Cendrillon : une maladresse hésitant entre relecture du conte originel et adaptation du dessin animé éponyme, se présentant pour le coup telle une bêtise sirupeuse à la niaiserie vomitive. Jusque-là, les studios Disney, dans leur quête de pépètes à vouloir adapter tous leurs plus grands chefs-d’œuvre faits d’encre et de papier, n’ont fait que démolir leur héritage sans se soucier une seule seconde de ce qu’ils nous livraient. Et avec les nombreux projets prévus (le dernier annoncé étant Peter Pan), nous ne pouvons que craindre le pire (il y a quand même un film Dumbo dans le lot !). Mais à notre plus grande surprise, ce scepticisme se transforme aussitôt en une once d’espoir à la vue du Livre de la Jungle de Jon Favreau (Iron Man 1 et 2, Cowboys & Envahisseurs, #Chef), l’adaptation live que plus personne n’attendait de la part du studio aux grandes oreilles.

Si le cinéma a su par le passé en livrer plusieurs versions plus ou moins emblématiques dont le fameux dessin animé de Disney ou encore la version de Stephen Sommers, cette édition 2016 a de quoi marquer les esprits. Bien entendu, le long-métrage de Jon Favreau est loin d’être parfait et regorge de défauts, mais nous y reviendrons plus tard. Car ce qui impressionne le plus avec ce Livre de la Jungle, c’est son aspect visuel qui met tout le monde d’accord, aussi bien les enthousiastes que les sceptiques. Avec pour ambition de représenter des animaux parlants aussi réalistes que possible, le réalisateur et l’équipe d’effets spéciaux Weta Digital (Le Seigneur des Anneaux, Avatar, les derniers opus de La Planète des Singes…) ont su livrer un travail en tout point ahurissant dans le rendu final. Le film, dans sa majorité, est fait d’images numériques avec un véritable comédien, le jeune Neel Sethi (au jeu d’acteur potable mais sans plus), au milieu de tout cela. Et malgré ce fait, Le Livre de la Jungle semble aussi réel et riche en détails qu’Avatar. Que ce soit au niveau des décors (on se croirait vraiment dans la jungle et dans les plaines asséchées) ou bien des animaux, donnant souvent l’impression d’être des vrais et non pas des créations faites par ordinateur. Question immersion, le film réussit amplement son office !

Et c’était sans compter sur l’ambiance qui se découle de tout cela ! Si le réalisateur reprend quelques moments du dessin animé parce qu’il « le fallait », comme Baloo chantant l’inoubliable Il en faut pour être heureux, son Livre de la Jungle se présente non pas tel un film pour enfants mais bien plus comme un divertissement familial épique et pas forcément pour les plus jeunes. Entre quelques moments plutôt posés, Jon Favreau nous livre des fulgurances d’action rondement menées (le temple des singes, le face-à-face avec le tigre…) qui assurent le spectacle, tout en osant ce que Disney n’avait pas su faire avec Maléfique, à savoir se permettre une atmosphère parfois sombre (pour ne pas dire angoissante) et même choquante pour les enfants. Ainsi, au beau milieu des tribulations de Baloo, vous aurez droit à un Shere Khan véritablement terrifiant qui ferait presque oublier sa version dessinée, qui n’hésite pas à tuer ceux qui se dressent en travers de son chemin. À un Kaa gênant, ce qui compense sa faible apparition à l’écran. À un Roi Louie effrayant qui risque de faire cauchemarder les petiots. Et enfin à un dénouement assez tendu ! Pour dire que ce Livre de la Jungle est loin d’être une gentille bluette comme ses prédécesseurs et qu’il ne laissera pas le public adulte indifférent !

Vous l’aurez compris, cette adaptation live de Disney s’avère être un blockbuster familial de très bonne qualité qui remplit sans aucun mal son cahier des charges pour notre plus grand plaisir, et ce malgré quelques défauts qui viennent nuire un chouïa le tableau. Comme un scénario simpliste, typique des productions Disney, qui propose des répliques téléphonées ou encore des situations bien niaiseuses du genre « Il n’est pas seul. Nous sommes ses amis et nous le soutenons face au danger ». Des références mal placées qui viennent gâcher l’ambiance sombre de l’ensemble, tel le Roi Louie, tout terrifiant qu’il est, se mettant subitement à chanter Être un homme comme vous. Et une mise en scène assez impersonnelle de la part de Jon Favreau bien qu’elle soit efficace. Rien de bien méchant au final quand on n’est pas regardant et qu’on ne pense qu’à passer un agréable moment en payant son ticket. Mais ce sont tout de même ces carences qui empêchent Le Livre de la Jungle, comme la majorité des blockbusters de ces dernières années, de sortir du lot et d’être culte sans aucune difficulté. Car il faut bien l’admettre, vu ses nombreuses qualités, il avait tout pour devenir aussi mémorable que le dessin animé !

Bien que l’intérêt de ce projet soit purement commercial, le résultat a de quoi séduire ! Après des adaptations qui faisaient peine à voir, Disney tire enfin son épingle du jeu en livrant un long-métrage véritablement divertissant et au visuel époustouflant. Laissant ainsi espérer de meilleurs films live de la part du studio, qui s’apprête à nous livrer une nouvelle version de La Belle et la Bête l’année prochaine. D’ailleurs, l’année 2017 sera également marquée par la sortie d’un autre Livre de la Jungle, cette fois-ci par la Warner et réalisé par Andy Serkis (Gollum du Seigneur des Anneaux). Un projet qui se montrait bien plus ambitieux que celui de Jon Favreau (meilleur casting, tourné en motion-capture…) et qui, finalement, aura fort à faire pour se démarquer !