Quand Disney revisite "le livre de la jungle", il ne reste pas grand chose des morales rigoristes des fables de Kipling. Si les animaux restent des parodies anthropomorphes, ils ne caricaturent plus les mêmes personnes. C'est au public de se faire sa représentation en fonction de son époque et de ses références culturelles.
A l'époque de ce recueil de nouvelles, les éléphants représentaient clairement l'armée britannique des Indes. A l'époque de la sortie du film, "la patrouille de la jungle" pourrait être les Etats Unis ou ses forces armées. Ils écrasent tout aveuglément et ne s'intéressent qu'à leurs affaires internes tout en se croyant investis de la mission de faire régner la paix universelle.
A la sortie du film, certains ont voulu voir dans les singes une représentation raciste des afro-américains, mais dans le livre, le peuple des singes (il n'y a pas de roi Louie), est instable, immoral, doté de grandes ambitions, mais incapable de suivre ses idées: ce sont les français. Il parait que Kipling aimait la France. Est-ce que cela englobait aussi les français?
Quant aux vautours, inutile de préciser qu'en 1894 "les beatles" n'étaient pas nés.
L'œuvre de Disney ne conserve donc que les attitudes anthropomorphes d'animaux parlants pour nous raconter une histoire extrêmement simplifiée. Il n'y a quasiment pas de scénario, juste des rencontres, prétexte à nous présenter des personnages caricaturaux et des numéros musicaux.
Pourtant ce film est un des sommets de l'âge d'or de Disney. Jamais on n'a dépassé ce niveau de qualité des dessins et de l'animation à l'ancienne. Les personnages ont chacun une personnalité très construite et identifiable par le jeune public. Les chansons, très simples, ont aussi une personnalité forte en harmonie avec le personnage qui la chante.
Alors peu importe que Disney fasse cohabiter un orang-outan avec des loups et un ours, ce film est à recommander pour tous et de préférence en famille.