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Le nombre actuel de projets d’adaptation « live » est un signe du temps : puisque l’animation a atteint un degré de perfection excédant largement le cadre de l’animation, autant prétendre faire un...
le 14 avr. 2016
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Le Livre de la jungle signe la 4ème réadaptation de classique Disney après trois premiers films dont la qualité était particulièrement variable.
Après un pétard mouillé, un navet et une bonne surprise inattendue, tout le monde n’était pas confiant à l’idée de voir une version en image de synthèse et intégralement en CGI du dernier classique Disney sur lequel l’oncle Walt Disney ait travaillé avant de décéder. Moi-même je me demandais pourquoi Disney n’avait pas décidé de filmer l’action dans un décor réel afin de peaufiner au mieux l’incrustation des animaux en images de synthèses. Puis est ensuite arrivée la D23 l’été dernier qui faisait la promo sur cette réadaptation, rendant le public plus impatient finalement pour cette réadaptation. Les premiers teaser sont arrivés, les bandes-annonces ensuite, et les réactions ont, pour la plupart (chez mes abonnés et chez moi aussi) à peu près la même : visuellement Disney s’était lancé un pari technique et visuel intéressant, le film laissait présager un dénouement différent du classique, pour ce qui est du choix des voix les avis vont dans un sens comme dans l’autre (surtout en VF, la voix de Lambert Wilson en Baloo me faisait vachement peur avant de voir le film) et l’ajout de deux chansons en Live avec le ton et le visuel laissait sceptique.
Les premiers avis arrivés, très généralement optimiste et saluant la qualité visuel du film mais avec les reproches qu’on attendait sur les chansons. Des avant-premières ont été organisées entre le 10 et 12 avril, j’ai donc été à l’une d’elle pour le voir en salle.
Est-ce que le pari technique est tenu ? Disney confirme t’il après la (bonne) surprise qu’est Cendrillon que réadapter un classique Disney en prise de vue réelle ne signifie pas le charcuter avec des idées douteuses quitte à massacrer ce qui a bercé notre enfance ?
Dans mon cas… je pense que le film est bon, tant pour une réadaptation que pour un divertissement familial, mais comme pour Cendrillon avec ses défauts évident.
Dés l’ouverture le film s’ouvre sur un logo refait en hommage au DA avant que la caméra recule pour entrer dans la jungle reconstitué à l’ordinateur, et comme on l’espérait le résultat est grandiose. Le désert, les arbres, la crevasse boueuse ou les plans fixes sur Bagheera et Mowgli traversant la jungle sur un décor en profondeur dont celui devant la cascade, sans oublier le design des animaux, la faune et les environnements ont été travaillés pour paraître vraiment réel à l’œil du spectateur alors que le tournage a eu lieu en studio à Los Angeles. Les textures ainsi que les formes, la limpidité de l’eau ou les mouvements des animaux tiennent le fil.
Là ou dans le Alice au pays des merveilles de Burton les designs et les décors en fond vert n’arrivaient pas à rendre crédible l’univers du pays des merveilles et ou la direction était anarchique, ici on y croit vraiment à cette jungle, on y croit lorsqu’on voit Neel Sethi utiliser une gourde pour obtenir de loup à la source en début de film, on y croit lorsque Mowgli tape sur le ventre de Baloo dans l’eau, on y croit quand on le voit escalader un arbre dans la jungle ou quand les éléphants passent devant lui et Bagheera.
Néanmoins à force de faire le film intégralement en numérique, on remarquera quand même quelques passages ou des failles visuels sont décelable, surtout lors de certaines scènes nocturnes ou des textures de l’environnement sont moins peaufinés et semblent trompe l’œil. Mais ne râlons pas, en général les effets visuels sont ahurissant. Quant à la caméra, elle est assez active et c’est suffisamment bien mis en scène pour ne pas s’ennuyer. Sur ce point aussi, c’est du bon boulot.
Du côté musical, après un passage de Danny Elfman pour Alice au pays des merveilles, James Newton Howard pour Maléfique et Patrick Doyle pour Cendrillon, c’est à John Debney qui revenait le travail pour composer au service d’une réadaptation et vu que la seule composition de Debney qui m’avait plu était celle de Kuzco, j’avais pas mal d’inquiétudes. Mais finalement le résultat est là aussi. La musique ajoute un vrai souffle épique à l’intrigue et il reprend même le thème d’ouverture pendant quelques secondes pour rester dans l’hommage du dessin-animé.
Par contre, l’utilisation des chansons fait tâche. Il n’y en a que 2, Il en faut peu pour être heureux et Être un homme comme vous, et aucun des deux ne s’accorde avec le ton du film qui se veut plus sombre… pire, Être un homme comme vous détruit la grandeur et la frayeur qu’inspire le roi Louie quand il la chante (et ce n’est pas Eddy Mitchell qui sauve la scène même si j’aime bien le chanteur, d’ailleurs j’y pense : pourquoi ne pas avoir gardé la voix française Bernard Tiphaine comme dans la bande-annonce ?).
Quant aux personnages, comme pour Lily James dans Cendrillon, le rôle titre est accordée à une tête inconnue, ici Neel Sethi pour Mowgli, l’enfant de la jungle. Pas de déception sur ce point, il se montre très investi et très bien dirigé en plus de cela. Le personnage en lui-même a quelques retouches par rapport au DA, il est montré comme un enfant plus astucieux, plus débrouillard mais loin d’être infaillible.
Intéressant de voir qu’il choisit lui-même de quitter le clan des loups afin que Shere Khan ne s’en prenne pas à eux, mais refusant pour autant de quitter la jungle qu’il considère comme sa maison.
Disney lui donne même un passé pour le rendre plus attachant, ce qui n’est pas un mal en soi dans le cas présent.
Bagheera, doublé par Bernard Gabay, est fidèle au personnage du dessin-animé, il veille au bien de Mowgli et pense que sa place doit être parmi les hommes afin de le préserver de Shere Khan. De même pour Baloo qui a un temps d’apparition similaire, finalement Lambert Wilson passe bien quand il parle (la chanson c’est autre chose). Shere Khan reste imposant et intimidant, son design et sa modélisation sont d’ailleurs très réussis et l’introduction en tant que menace pour Mowgli fonctionne bien (excellente voix d’ailleurs).
Akila et Raksha apparaissent davantage dans cette version, élément bienvenu à la base sachant que le premier n’apparaissait même pas deux minutes et la seconde n’apparaît même pas une minute dans le classique.
Et si ça fait plaisir de les voir plus mis en valeur, je regrette qu’on n’ait pas plus de temps qui leur soit accordé dans le premier tiers, surtout Raksha rien que son regard est terriblement expressif
et ses adieux avec Mowgli aurait pu être plus touchante si on avait prit plus de temps pour développer le rapport parent/fils adoptif dans la première partie.
En passant, la voix de Cécile de France est impeccable pour la mère louve.
Kaa en femelle, ça passe bien, son temps d’apparition court ne pose pas de problème puisque son usage est identique à celui du DA, de même pour le Roi Louie qui est aussitôt imposant mais devient ridicule lorsqu’il se met à chanter (personne n’a pensé que les chansons ne passerait pas en live).
Pour ce qui est de la partie scénario, enfin, allons droit au but : on a du bon comme du mauvais. Comme pour Cendrillon et Maléfique, celui-ci ne dépasse pas le stade des 1h45 si on exclut le générique de fin. A croire que le public moderne n’est pas capable de supporter plus que la durée d’un classique Disney, erreur complètement idiote d’ailleurs puisque ce que le film tente parfois d’apporter en nouveauté, il n’y parvient pas toujours.
D’abord je ne vais pas m’amuser à parler de la voix-off de Bagheera parce qu’au final, il n’intervient au début 4 fois et une fois à la fin, c’est déjà un gros effort notable. Par contre, vu que le film débute directement au moment ou Mowgli a déjà grandi, je trouve cela regrettable
que ses rapports avec le clan d’Akila ne soient finalement pas suffisamment approfondis pour qu’on puisse se sentir triste lors de la séparation.
Raison de plus pour lequel rajouter 10 ou 15 minutes à ces réadaptations seraient un gros plus pour les versions Live en prise de vues réelles (vu que Bob Iger ne semble pas vouloir abandonner cette politique des réadaptations de classiques Disney).
Cela dit, il y a un point pour lequel j’accorde du crédit à ce film, c’est d’avoir tenté (et souvent réussie) une approche plus sombre du roman de Rudyard Kipling puisque la mort de certains personnages a été rajoutés mais le film reste assez fidèle au déroulement du DA, notamment pour ses rencontres avec les autres animaux de la jungle, avec quelques ajouts bienvenu. Tant pour le caractère de Mowgli et son passé que pour le temps qu’il passe avec Baloo et s’attache à lui.
Et certains passages sont clairement traités avec plus de sérieux,
comme la fuite du palais du roi Louie qui se soldera par la mort de l’orang-outan géant ou le côté plus sanguinaire et barbare de Shere Khan au détriment de son côté Dandy et poli.
Sans oublier que le film tente aussi d’installer une sorte de loi de la jungle que doivent respecter les animaux et de mythe sur la jungle en elle-même, et dans l’ensemble ça marche bien.
Après, si il y a un point sur lequel vraiment pinailler, ça serait sur les allers et venus à travers la jungle. Logiquement,
d’accord pour croire que Shere Khan a pu attaquer Mowgli dans la même journée ou Bagheera et lui ont quitté le clan des loups puisque visiblement, cela se passe la même journée (d’accord aussi pour dire que Shere Khan n’aurait eu aucun intérêt à tuer Bagheera puisqu’il en avait directement au clan des loups, on peut aussi supposer que ce dernier ait pu fuir pendant que Shere Khan chercher Mowgli parmi les gnous).
Par contre, bonjour la grosse incohérence en fin de film avec cette logique :
dans le dernier quart d’heure, Mowgli apprend que Shere Khan a tué Akila afin que Mowgli vienne à lui quand il l’apprendra, et afin de prendre sa revanche sur lui, il vole une torche de feu (appelé fleur rouge par les animaux de la jungle) afin d’avoir un avantage sur Shere Khan… ma question donc, quelqu’un peut m’expliquer comment en une seule nuit et après avoir dérivé pendant un long moment avec les gnous dans la crevasse bien plutôt dans le film, il a pu revenir si près du bercail en si peu de temps ??? Parce qu’à ce stade, c’est plus Mowgli l’enfant de la jungle mais Flash de la ligue des justiciers.
Passez cette grosse incohérence visible comme un bouton d’acné sur le bout du pif, que nous reste t’il à dire ? Je pourrais parler du fait
qu’on laisse facilement passer le fait que Mowgli ait incendié la moitié de la jungle (l’idée que Shere Khan se sert de cela pour le discréditer et retourner les animaux contre lui, quitte à donner à Mowgli un dilemme entre devenir un homme ou rester fidèle à la jungle loin d’être inintéressant également, était une bonne idée par contre), mais comme cela était purement involontaire et qu’il regrette rapidement son geste en prenant conscience de ce que le feu peut faire comme mal à la jungle, j’accepte.
Malgré cela, l’ambiance et l’atmosphère qui veut ressortir de cette réadaptation à travers la jungle est là, avec un ton moins enfantin dans sa globalité, et tout de même un climax bien foutue une fois la grosse incohérence passée. Certains gueuleront surement sur le fait que
Mowgli n’aura pas rejoint le village des hommes mais vu que les derniers moments sont amenés correctement, perso je ne râlerais pas et il aura au moins appris quelque chose et à s'accepter comme un humain sans s'éloigner de la jungle pour autant.
Conclusion, je pense qu’on peut considérer cette réadaptation comme un bon film, il a au moins le mérite de respecter l’intrigue original en essayant d’apporter quelques éléments en plus et de relever brillamment son pari visuel. Si les prochaines réadaptations pouvaient au moins se donner ce genre de challenge pour apporter quelque chose en plus par rapport aux DA, j’avoue qu’on râlerait bien moins face à cette mode.
Mais vu que les deux prochaines réadaptations en cours seront Dumbo par Tim Burton dont le projet est toujours incertain, et La Belle et la Bête par ce tâcheron de Bill Condon qui n’a fait aucun bon film de sa carrière, pas sur qu’on puisse être optimiste. Mais bon, on aura au moins le Cendrillon de Kenneth Branagh et Le Livre de la Jungle de Jon Favreau qui auront réussi leur défi, je me le referais bien dans l'année celui-ci d'ailleurs.
A vous de juger le jour de sa sortie !
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le 12 avr. 2016
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