On reprend les mêmes et on recommence

Par rapport à son très faible budget de 20 millions de $, DisneyToon Studios ont considéré que la sortie de Peter Pan 2: Retour au Pays Imaginaire au cinéma leur avait été bénéfique, le film remboursant plus de 5 fois son budget de production, et ce sans compter les recettes lors de sa sortie en DVD quelques mois plus tard. Quoi de plus logique donc que de poursuive sur ce terrain et sortir à nouveau une suite à un Grand Classique initialement prévue pour le marché de la vidéo.

Un an plus tard est donc distribué partout dans le monde dans les salles obscures: Le Livre de la Jungle 2, suite du film de Wolfgang Reitherman n'ayant quasiment aucun lien avec le second livre de Rudyard Kipling, de la qualité ça serait trop demandé.
Et comme pour Peter Pan 2, j'ai pu découvrir cette suite au cinéma étant tout petit. Tout naturellement, j'avais passé le meilleur des moments. Quel enfant pourrait-il ne pas s'éclater devant la suite d'un film dont il a usé la VHS et qu'il a la chance de découvrir sur grand écran?

Seulement, contrairement à Peter Pan 2 qui garde certaines qualités même après revisionnage, ma redécouverte récente du Livre de la Jungle 2 ne s'est pas vraiment bien passée.
Nous avons encore une suite victime du syndrome de la redite mais avec cette fois-ci quasiment aucune différence avec le premier film. Que ça soit dans les personnages, les péripéties ou la morale, tout est repris et rien n'est modifié.
Encore pire, la fin ressemblera plus à celle prévue mais coupée pour le premier Livre de la Jungle!

Le Livre de la Jungle 2 va donc nous proposer les mêmes dilemmes et la même histoire que dans le premier volet pendant plus de 60 minutes. Baloo pousse Mowgli à quitter le village des hommes pour regagner la Jungle et ce dernier va se demander pendant une heure qu'est-ce qui est le mieux pour lui, être avec les humains ou rester avec son papa ours, même s'il connaît déjà la réponse et même s'il est déjà passé par là dans le précédent film.

On repasse par la case Il en faut peu pour être heureux (chantée 3 fois dans ce film! À quel point les mecs n'ont-ils plus d'imagination?!), on repasse par la case Kaa (qui est le seul à apporter un ou deux rires, et 36 ans après, toujours doublé en français par le génial Roger Carel), on repasse par la case chanson avec les singes (tellement inutile qu'on oubliera deux minutes après que cette scène figure dans le dessin animé en plus de posséder la chanson la plus oubliable des suites Disney, même pas un tout petit refrain mais c'est dingue!), on repasse par la case Shere Khan qui cherche le petit d'homme dans la jungle (seulement, le tigre est révélé trop tôt et n'effraie jamais tant il tourne en rond pour retrouver notre héros) et on repasse par absolument tous les personnages et tous les gags du premier Livre de la Jungle.

Les quelques rares nouveautés ne sont pas intéressantes pour un rond. Shanti et Ranjan sont transparents quand ils ne sont pas agaçants, le temple indien du climax est sous-exploité et la bande-originale ne se repose quasiment que sur le travail des Frères Sherman dans le film original. La Jungle, quant à elle, perd son équilibre entre environnements colorés et teintes grisâtres pour être remplacé par une palette de couleurs ultra-vives rendant l'aspect graphique assez moche (sans parler de la couleur bleue de la fourrure de Baloo).

Le Livre de la Jungle 2 se fait sans surprise descendre par la critique dès sa sortie, cette dernière lui reprochant de n'être qu'un remake déguisé du Livre de la Jungle bon pour sortir sous format de DTV. Les recettes seront pourtant suffisantes permettant au film de rapporter 135 millions de $ dans le monde, soit plus que le Classique Disney sorti la même année: La Planète au Trésor, un Nouvel Univers qui se ramasse au box-office.
Le monde va très mal.