Poème Visuel

Surtout connu pour ses faramineuses reconstitutions historique, D. W. Griffith prouvait régulièrement qu'il était capable de mettre en scène de jolies et touchants mélodrames, comme peut en témoigner Le Lys brisé.

C'est d'ailleurs le premier film distribué par United Artist, studio fondé par Griffith, Chaplin, Douglas Fairbanks et Mary Pickford, nous racontant l'histoire d'une jeune femme martyrisée par son violent et boxeur de père puis se faisant aider par un immigré chinois. Griffith prend le temps de nous présenter les protagonistes, notamment Lucy et l'immigré chinois, on s'intéresse puis s'attache à eux, alors qu'il parvient à en faire ressortir d'abord la détresse puis l'émotion.

Pour ce touchant mélodrame, il fait appel à sa muse, la merveilleuse Lillian Gish qui montre, une fois de plus, qu'elle était l'une des plus grandes actrices du muet, capable de nous toucher et de nous émouvoir à travers un geste, un sourire (même forcé avec les doigts !) ou un regard. D'ailleurs, c'est toute la direction d'acteurs de Griffith qui est impeccable, même pour le surprenant rôle du chinois.

L'histoire est plutôt simple mais bien construite et surtout intéressante, à l'image des personnages. Griffith opte pour une mise en scène assez sobre, sachant faire ressortir la dramaturgie des enjeux tout en sublimant son cadre et la ville de Londres, alors qu'il excelle toujours au niveau du montage comme en témoigne la dernière partie. Certaines séquences sont assez fortes et mémorables, tandis que, sans lourdeur, il propose une morale allant à l'encontre de Naissance d'une nation où l'immigration est glorifiée face à la brutalité et aux racismes.

En mettant en scène Le Lys brisé, Griffith propose un jolie et émouvant mélodrame, où il sublime une histoire simple, un plaidoyer contre l'intolérance et un magnifique cadre, le tout étant emmené par une fabuleuse et magnifique Lillian Gish.