Quoi de mieux que de s’évader dans un monde imaginaire, de se venger de ses problèmes quotidiens par la littérature et de ne plus rien penser du monde réel en écrivant un roman ? C’est ce que François Merlin, un simple écrivain réputé pour sa série de livres mettant en avant un super agent secret, eut comme idée de passe-temps. Cet écrivain est un être humain classique, anodin et qui en a tout simplement ras-le-bol des problèmes quotidiens qu’il doit surmonter dans sa vie déplorable, au point de vouloir se venger de tout dans son livre.
Débordant d’imagination et déterminé à transformer tout ce qui est pénible dans ses activités professionnelles en des situations burlesques, François Merlin nous invite amicalement à nous immerger dans les récits trépidants de Bob Saint-Clar, un agent secret charismatique, séducteur et empruntant sans excès des traits de personnages typiques du cinéma comme James Bond ou San Antonio.
En compagnie d’un Jean-Paul Belmondo habitant avec brio deux personnages distingués et dynamiques, on assiste à un récit dévoilant d’un côté une vision négative de la vie quotidienne et une autre plus gaillarde, pleine d’aventure et d’agréments, sous une continuité cohérente des deux aspects visuels. Chaque passage d’un monde à l’autre passe sans problème et est astucieux, c'est soit on emploie une situation logique et qui correspond tout à fait au contexte du roman, soit on transpose direct un emmerdeur pour lui faire payer sa connerie. L’idée est bonne, j’apprécie particulièrement cet aspect des choses, cela nous procure une envie irrésistible de découvrir le long-métrage jusqu’à la dernière minute.
Surtout que la base scénaristique est assez novatrice, on reprend tout ce qui est basique d’un film d’espionnage et de réalisations de genre comédie, sauf que les personnages sont des éléments bien plus développés que ceux qu’on voit d’habitude au cinéma. Il faut savoir que c’est ce détail qui change beaucoup les choses, tout ce qui est énervant est transformé en des êtres plus simplets à supporter ou plus désirables à trucider, tout ce qui est attirant devient en des éléments plus exotiques, merveilleux et sensuels à ressentir.
C’est le cas pour l’éditeur qui prend la place d’un méchant assumant complètement son sens de l'hostilité, c’est aussi le cas pour la voisine interprétée par une ravissante Jacqueline Bisset qui livre une image de la parfaite compagne d’un agent secret. Avec ce casting où tous prennent un malin plaisir à incarner leurs personnages sans trop déborder dans la parodie et en restant dans les normes de la comédie, on obtient un cocktail juteux, exotique et délectable, dans lequel les scènes d’action et les moments humoristiques défilent sans la moindre anicroche. Seules les trente demi-heures m’ont un peu déçu pour sa baisse en rythme et sa tournure un peu bordélique mais rien ne gâche la jouissance que cette comédie délivre, elle assume absolument son style cinématographique. 8/10
Coupez le sein gauche !