Dans une petite bourgade dans les montagnes japonaises, Takumi vit dans sa petite barraque avec sa fille et a une position d'homme à tout faire du village. Il connait le coin comme personne, et la première partie du film insiste sur le lien du personnage avec la nature. Ça se traduit par des plans fixes de plusieurs minutes sur Takumi qui coupe du bois, un restaurateur qui remplit des bidons d'eau, ou une fillette qui se balade dans un champ avec un travelling horizontal.
Sans que le dialogue ne l'explicite, je pense que le film tente de te faire passer l'idée que les personnages sont des sortes de chasseurs-cueilleurs. Qui prennent ce dont ils ont besoin, mais qui sont généralement filmés de loin, entourés par la nature qui entoure les personnages.
Une réunion publique arrive, où deux personnes venues de Tōkyō expliquent qu'elles font installer un camping de luxe dans la commune. Les pauvres s'en prennent plein la tronche pour des questions de placement de fosse septique et compagnie. Normalement, tu sens venir une trame sur le clivage urbain/rural.
Le film esquive totalement cet aspect, en se plaçant du point de vue des deux citadins pour le reste du film. Exit donc la fable écologique basique. Tu gagnes en empathie, et tu vois les personnages s'intéresser à l'endroit et le découvrir tranquillement. C'est à ce moment que le film sort ses plus beaux plans. Y en a deux ou trois absolument incroyables (la cabane entourée de pins, au crépuscule avec la fumée qui s'échappe de la cheminée, mazette).
Forcément, il se repasse des choses que je ne vais pas détailler. D'habitude, Hamaguchi est toujours très bon pour te faire comprendre l'état mental de ses personnages et te faire comprendre leur cheminement intérieur. Le tiers de fin va totalement à contrario de ça. Je me dis que c'est forcément en lien avec le fait que, contrairement à ses autres films, le thème ne soit pas directement humain. La nature garde sa part de mystère, et nous ne pouvons que partiellement la connaitre et la comprendre.