regarder une personne couper du bois n'a jamais été aussi passionnant : le cadre fourmille de détails, le souffle du vent, le calme des végétaux, l'onde de la bûche tranchée qui résonne alors que la hache s'abat, le mouvement répétitif tourne et recommence, pure hypnose - tout un monde se trouve concentrée dans ce geste, dans les gestes qui composent le film - on coupe du bois pour se chauffer, on remplit des bidons d'eau pour cuire les nouilles, on apprend à distinguer les arbres, le regard d'un enfant se confond avec celui d'un faon. Le mal n'existe pas ? L'arraisonnement du monde n'existe pas ? La modernité n'existe pas ? L'économie n'existe pas ? Non, il n'existe pas de mal, mais il y a de l'ignorance, de la distance, du ressentiment, du chagrin de perdre ce qu'on aime, de la peur de rater une opportunité, le grand amour, sa vie. Un immense film réalisé avec une infinie modestie.