Ousmane Sembène est considéré aujourd'hui comme le fondateur du cinéma noir africain. Ecrivain reconnue internationalement, il va se tourner vers le cinéma pour mieux atteindre ses compatriotes africains qui, pour la plupart, ne lisent pas couramment. "Le mandat" sera le premier film tourné en langue Wolof, la plus courante au Sénégal.
Ce qui frappe immédiatement dans le cinéma de Sembène est évidement l'exotisme du film, qui nous plonge dans le quotidien d'une famille africaine modeste, où les mœurs traditionnelles ont encore du mal à se conjuguer avec l'occidentalisation du pays amenée de force par la colonisation française. Un regard pour la première fois vue d'un africain, et non d'un cinéaste étranger regardant l'Afrique comme une curiosité exotique ou avec le regard condescendant du Colonialisme d'avant-guerre.
Derrière ce scénario aux apparences naïves et simplistes, le cinéaste dresse en double lecture un portrait très critique du tout jeune Sénégal, indépendant depuis seulement 8 ans. Il y dépeint une société divisé en deux, la masse populaire des petits gens parlant Wolof et celle des nantis, parlant le français et qui ont repris les postes laissés vacants par les français après l'indépendance du pays. Il y dépeint surtout un pays gangréné par la corruption et les pouvoirs d'influences, où l'encaissement d'un simple mandat va devenir un parcours administratif kafkaïen...