J'aurais pu regarder La tour infernale, The boondock saints, Mogambo, ou encore Being there. Mais ce soir j'avais besoin de me reposer les neurones : je suis malade, et j'ai passé une partie de l'après-midi à continuer la rédaction d'un dossier.
Donc j'avais le choix entre Jack Frost 2 et The invisible maniac. J'ai opté pour ce dernier, un film qui traîne dans mes affaires depuis un moment.
Quand j'avais découvert son existence, je savais que ce n'était pas raisonnable, mais je me le suis procuré, immédiatement séduit par le titre et le concept (et j'avoue que je n'avais pas saisi le jeu de mot du titre avant ce soir), sans savoir si je le verrai un jour ou non.
Je pensais avoir découvert The invisible maniac sur un blog parlant de bizarreries cinématographiques, puis en démarrant le film je me suis demandé d'un coup si le réalisateur avait pu faire autre chose par la suite, et s'il était sorti des bas-fonds de la série Z.
J'y croyais pas : le réalisateur est Adam Rifkin... Woah putain. Le mec que je connais pour Detroit rock city, Chillerama, Small soldiers, et qui a fait des films pour enfants depuis.
J'avais donc dû trouver The invisible maniac en fouillant dans sa filmo.
Au générique, il est crédité en tant que "Rif Coogan".

Ce générique, on croirait une blague : on peut voir d'autres noms comme "Clement Von Franckenstein" ou "Claudette Rains". Etonnamment, le premier est un acteur qui a joué dans de grosses productions depuis… ce n’est donc pas une blague ?
Je savais par contre qu’étant donné que le film traite d’un pervers invisible matant les filles nues, il y avait des actrices pornos au casting (dont Savannah, je ne la connaissais pas, j’ai appris qu’après un accident de voiture qui l’a défiguré elle s’est tiré une balle dans la tête ; c’est intéressant) ainsi qu'un bon nombre de scream queens.
On entre vite dans le vif du sujet, dans une des premières séquences on voit une femme qui se déshabille lentement sur de la musique, évidemment tout le monde fait ça tout seul chez soi avant de se mettre au lit. Elle est observée depuis un télescope (je croyais au départ que c’était au travers d’une serrure, étant donné qu’on n’est pas en longue focale, et que l’objectif a une mobilité prouvant que l’observateur est près du sujet, enfin bref…) par un gamin qui ressemble à celui dans le clip "The creep" des Lonely island.
Il s’agit évidemment du héros de notre film, le maniaque invisible lui-même quand il était encore enfant, habillé comme une version miniature de l’acteur qui interprète le personnage âgé. Sa mère est envers lui comme une Norma Bates, mais dotée d’un rire taré et interminable qu’elle déclenche après avoir réprimandé son fils, lui disant qu’il la rendait malade. Ca n’a aucun sens.
Les personnages semblent avoir un problème d’hilarité dans ce film, parce que lors du congrès scientifique où le héros, professeur Dornwinkle, présente son sérum d’invisibilité, ils se marrent tous aussi comme des déments, balançant à leur collègue des blagues de merde et disant qu’il est stupide.
C’est totalement absurde, mais à partir de là on est fixés.
Il y a quand même un gag dans ce film qui marche, un moment où on rit et pas aux dépends du film, c’est quand Dornwinkle, interné dans un asile pour avoir tué d’éminents scientifiques, fuit et échappe au chien de garde en lui jetant un bout de bois.

Après ces évènements, on ne sait pas comment, mais Dornwinkle prend la place d’un prof de physique mort d’étouffement à cause d’un sandwich, sous l’identité de "professeur Kevin Smith". Comme le mec qui a fait Clerks, oui, j’étais content.
On peut constater un peu d’application dans l’écriture du scénario pour donner un semblant de crédibilité aux cours de physique du prof... mais ça ne marche qu’une fois, après c’est juste de la connerie, genre "mais bien sûr, bien sûr, bien sûr ! L’élément HS7, c’est ce qu’il manque à ma formule". Oui bien sûr.
Alors par contre, les dialogues des ados sont complètement attardés, ça va au-delà de la caricature : "quelqu’un d’aussi passionné par quelque chose est forcément aussi débile que la physique"…
Parmi les répliques cultes, il faut aussi compter celles-ci : "Life lesson #2 : never threaten the invisible maniac", et "With this injection begins my erection" (heureusement que c'est dans le trailer, j'avais raté celle-là dans le film).
L'idiotie des élèves n’empêche par Dornwinkle d’être excité en cours face à ses étudiantes qui ont toutes des jupes courtes. Cela ne lui suffit pas, il va aussi espionner les répétitions des pom pom girls dont la culotte se dévoile tandis que leurs jupes se soulèvent. Bizarrement, le prof reste au-même endroit tout du long, passant la tête et tout son buste à travers une porte, mais personne ne le repère.
Après l’entraînement, direction les douches pour les filles, évidemment.
Tout cela jusque là semble se passer le même jour que celui de l’arrivée de Dornwinkle, et après seulement un cours, quand la proviseur le repère penché vers le sol juste devant la bouche d’aération des douches des pom pom girls, elle ne se pose pas de questions, et en plus de cela lui donne le numéro et l’adresse d’une élève qui aurait besoin de cours particuliers chez elle…

C’est accablant, ce film fait vraiment penser à du porno soft. Je sais que la formule des films d’horreurs cheaps, surtout ceux de l’époque des VHS, c’est de placer un meurtre ou du sexe toutes les 5mn, mais dans The invisible maniac ça m’a semblé dépasser la moyenne.
L’histoire du pervers invisible, ça ne suffit pas, du coup il y a une scène où une élève (jouée par Savannah) fait une proposition indécente à Dornwinkle pour obtenir une bonne note, et une autre scène où la proviseur propose à un élève d’oublier ses mauvaises notes si il la fait se sentir femme. J’avais du mal à y croire.

Les acteurs livrent des performances intéressantes. L’acteur principal, Noel Peters (qui n’a joué que dans un film pour enfants après ça), surjoue parfois de façon très drôle. Un des ados livre un moment amusant aussi, à la façon dont il s’écrie "oh my god" en voyant une fille morte et nue planquée dans un casier.
Evidemment, pour la plupart, ils n’ont pas eu une carrière bien remplie.
Ca me surprend qu’Adam Rifkin ait pu avancer dans l’industrie du cinéma, car en dehors du statut de série Z de "The invisible maniac", l’écriture et la réalisation sont très imparfaits.
Concernant le scénario : je parlais tout à l’heure du fait que pleins de choses se déroulent en un jour, eh bien après ça, pour montrer qu’on passe d’un jour à un autre, Rifkin ne trouve rien de mieux que de placer entre les deux scènes un passage en classe où tout ce qu’on voit, c’est Dornwinkle finir un cours, dire ce qu’ils vont voir demain, et les élèves sortir de la salle. Rien d’intéressant, pourquoi avoir tourné ça, ou ne pas en avoir fait un moment plus utile ?
Quand Rifkin essaye de créer du suspense, c’est dans une scène où l’on voit tous les élèves se tourner sans arrêt vers la pendule, attendant clairement quelque chose… et à un moment donné, ils font tous tomber leurs cahiers au sol en même temps. Non seulement l’objet du suspense est nul, mais la blague aussi… et pourtant ils se marrent pendant trois plombes comme si c’était le canular du siècle.
Ah mais alors l’idée de mise en scène géniale du film par contre, c’est quand Rifkin renouvelle cette bonne vieille transition où l’écran s’assombrit parce qu’un personnage s’avance vers la caméra jusqu’à remplir tout le cadre. Ou l’inverse : un personnage s’éloigne de la caméra, dévoilant l’image après que tout ait été obscurci. Dans "The invisible maniac", on a un personnage féminin qui s’éloigne de la caméra… qui était placée sous sa jupe, l’objectif juste devant sa culotte !
J’ai dû revoir ce passage, j’ai franchement cru que je l’avais rêvé.

Grâce à "The invisible maniac", j’ai aussi pu voir un concierge aux allures d’ "Igor" qui est muet et essaye d’appeler la police au téléphone, et un jeune homme mourir étouffé par un sandwich qui lui est enfoncé dans la gorge jusqu’à ce que celle-ci gonfle démesurément.
Inutile de dire que les FX sont pas très bons, quoique j’ai été surpris par l’ingéniosité de l’équipe. Tous ces vêtements qui s’arrachent apparemment tous seuls de leur propriétaire, sous l’action du pervers invisible, c’est vraiment pas mal foutu.
Pendant tout le film, la présence de Dornwinkle quand il est invisible n’est signifiée que par le son, du coup j’ai été étonné par ce plan où on voit sa main passer dans l’eau d’un bocal à poissons rouges. J’ai repassé le plan, en fait vu la rigidité de la main et le fait que le cadre soit coupé au-dessus de la surface de l’eau, je devine qu’il s’agit d’une main en plastique transparent qui est passée dans l’eau, mais au premier visionnage j’y ai cru. J’ai pensé à un effet numérique ou quoi, je me dis que j’ai été naïf sur le moment… après tout on a affaire à un film où les journalistes présentent le JT devant une mappemonde comme on en a à l’école.

Ce qui est cool, c’est que le méchant gagne à la fin. C’est un des avantages des films underground, il y a plus de libertés. Verhoeven aurait quand même dû en prendre de la graine, pour son "Hollow man" et son happy ending merdique.
Enfin, dans "The invisible maniac", le type s’en sort car il vit dans un monde où on ne vérifie pas les empreintes sur les cadavres…

Avec ce film, j’ai exploré encore un peu plus les méandres de la débilité. Je ne regrette pas d’avoir opté pour celui-ci. Aussi idiot que soit ce film, on ne s'ennuie pas.


La bande-annonce : http://www.imdb.com/video/screenplay/vi2364801305/

Créée

le 10 déc. 2012

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Wykydtron IV

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