American Race
On ne peut pas dire qu’on n’est pas prévenus : un biopic sur une victoire américaine par Ford contre Ferrari n’impliquait pas vraiment un traitement dans la dentelle. Deux fausses pistes laissaient...
le 18 nov. 2019
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Non l’argent ne peut pas tout acheter, sinon le PSG serait déjà champion d’Europe depuis 10 ans. En revanche l’argent permet d’acheter les gens pouvant vous faire gagner. Le Mans 66 ce n’est pas seulement la victoire des cols blancs américains face aux Italiens, c’est aussi une affaire d’hommes précipité par une rivalité de cours d’école. Dans les années 60, Ford est en perte de vitesse, les grosses bagnoles carrés et monospace familiaux n'ont plus la côte, tout le monde ne jure que par Ferrari dont les véhicules sont de véritables œuvres d’art bâti pour la vitesse. Mais ce souci du détail et de la perfection absolue, c’est aussi ce qui va mener Enzo Ferrari vers un lourd déficit ce dont vont vouloir profiter les cadres exécutives de chez Ford en leur proposant une offre de rachat. Une proposition qui va d'ailleurs permettre au magnat de la course automobile de faire monter les enchères et tandis que Ferrari va passer sous pavillon voisin (Fiat), Henry Ford deuxième du nom copieusement insulter et humilier par son rival se lance dans la conquête du Mans en se tournant vers le constructeur designer Carroll Shelby seule légende américaine à avoir remporté la prestigieuse compétition. Shelby va tenter d’imposer la présence de son meilleur ami Ken Miles comme principal pilote de l’écurie mais ce dernier ne rentre pas tout à fait dans le cadre d’une société fortement attaché à ses archétypes de politique managériale et son image de marque et ce malgré ses qualités de mécano qui vont lui permettre de bâtir ce qui deviendra la mythique Ford GT40.
La concurrence avec Ferrari ne sera pas donc le seul conflit larvé à venir pourrir la bonne marche de l’entreprise puisque l’histoire aborde également une lutte entre col bleu et col blanc par la confrontation indirect d’un méprisable directeur marketing à celle d’un pilote qui n’a pas sa langue dans sa poche. Le Mans 66 s’intéresse à tous les éléments englobant ce coup d’éclat historique de la réalité derrière la fiction d’une photo de groupe passant ensemble la ligne d’arrivée. James Mangold expose également les motivations de ses différents protagonistes, d’abord Ken Miles interprété par Christian Bale qui parvient à transmettre cette passion vibrante qui l’anime et les raisons obsessionnelles qui le poussent à se dévouer intégralement à son art quitte à laisser sa famille à l’écart et à recevoir plusieurs coups de poignards ou bien celle d’un chef d’entreprise narcissique qui souhaite se faire un nom pour sortir de l’ombre de son grand-père quitte à chialer comme une gonzesse dans l’habitacle d’une voiture lancé à plus de 200km/h par une ancienne gloire déchue (Matt Damon) refusant pour sa part de raccrocher définitivement malgré l’avis des médecins.
Et si ce n’est pas l’argent qui motivent Shelby et son poulain, c’est bien l’envie de marquer l’histoire de leur empreinte dans une course folle filmé à hauteur d’homme, où chaque coup d’accélérations à 7000 tours par minutes se vit comme une véritable montée d’adrénaline tandis que chaque virage mal négocié peut entraîner la mort en un instant. La mise en scène cherche ainsi à capter la limite absolue, ce point culminant au bord de la rupture qui interviendra finalement sans crier gare lors d’un banal galop d’essai. Inutile d’être un féru absolu de bagnole pour apprécier ce blockbuster dont le cœur réside au sein même du circuit où se noue toute l’euphorie et la tragédie. Il y a quand même des choses que l'argent ne peut pas acheter, comme l'honneur d'une victoire propre et net, à armes égales. Si de gloire il y a, on ne peut pas occulter qu'elle soit entachée par des égos et comportements néfastes, des tentatives sournoises visant à semer la confusion ou bien par l’interprétation plus que douteuse d’un nébuleux règlement. Après quoi, on pourra toujours faire de la publicité en faisant comme ci de rien était puisqu'il n’y a que le résultat qui compte. Les absents on toujours torts, les accidentés seront toujours laissés sur le bas-côté pour que l’histoire ne puisse retenir que les vainqueurs arguant le mythe du rêve américain.
À ce que l’on dit, c’est le voyage qui compte, pas la destination, et les détours mortels surtout... Alors si toi aussi tu aimes bouffer de l'asphalte au sens propre comme au figuré, rend toi sur L’Écran Barge. Tu y trouveras quantité de sérial-autostoppeurs et de chauffards frustrés.
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le 25 sept. 2023
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