American Race
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le 18 nov. 2019
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8
Le film est à l'image d’une Ford Mustang, selon l'appréciation qui en est faite par le pilote automobile Ken Miles dans celui-ci : une belle carrosserie qui cache la faiblesse du moteur.
Le Mans 66 (dont le titre original est Ford v. Ferrari) nous retrace l'épopée mécanique de Carroll Shelby (Matt Damon), pilote de course américain reconverti dans la conception automobile, et de Ken Miles (Christian Bale), pilote automobile britannique.
Les deux compères contribuent au développement de la voiture de sport Ford GT40, du constructeur automobile américain Ford, forts de moyens importants alloués par l'entreprise, afin d'essayer de briser l'hégémonie de Ferrari aux 24 Heures du Mans.
Le scénario est une adaptation du livre "Go Like Hell: Ford, Ferrari, and Their Battle for Speed and Glory at Le Mans", d'A. J. Baime.
La narration s'attache particulièrement à la relation entre les deux hommes, leurs rôles dans l'entreprise Ford, ainsi que l'édition de 1966 de la compétition automobile d'endurance des 24 Heures du Mans, consacrant la réussite de la marque de voiture américaine.
Il est intéressant de noter que le titre original met en avant la rivalité entre les deux constructeurs Ford et Ferrari, alors que le titre français fait valoir l'édition 1966 de la course automobile.
Un scénario qui ne passe pas la vitesse supérieure, et manque d'accélération.
La principale faiblesse du film, rédhibitoire, est son scénario dramatisé à outrance, amplifiant ainsi la platitude du propos.
Comme s'il était convenu que la dramatisation pallie au manque de profondeur du sujet du film ; il en résulte un sentiment d'artificialité.
Cette volonté de se prendre au tragique est particulièrement pesante, et entraîne une lassitude certaine.
Le jeu des deux têtes d'affiche, vedettes talentueuses par ailleurs, transpire de trop de sérieux et d'affectation. Certes, cela est en cohérence avec la ligne dramaturgique. Pourtant, la prestation n'est pas convaincante, et tombe quelquefois dans la caricature, par manque de finesse.
Le film est également marqué par la mauvaise interprétation des rôles secondaires, en particulier ceux de Henry Ford II, alors président de Ford, et de son sbire Leo Beebee, antagonistes caricaturaux.
Sans aucune finesse, le film prend le parti d'opposer la direction de l'entreprise Ford - portée par une logique exclusivement commerciale, et minée par les jeux futiles d'influence et de pouvoir d'une des plus grandes entreprises internationales, fleuron dans son secteur d'activité, donc mauvaise - aux deux protagonistes - portés par une logique pure et parfaite de passion pour le sport automobile, et de franche camaraderie, donc bonne.
Le film prend également de grandes libertés avec la vérité, pour servir la thèse de la production, dénaturant les faits, et entraînant ainsi une certaine gêne.
Ce choix est d'autant plus contestable, au-delà de l'aspect documentaire, qu'artistiquement cela contribue à enlever toute subtilité au film.
Cependant, malgré la faiblesse du scénario, la réalisation est réussie, et des scènes de course automobile abouties portent le film.
Afin de porter le projet du studio de production 20th Century Fox, traitant de la rivalité entre Ford et Ferrari pour la domination des 24 Heures du Mans, le choix de James Mangold à la réalisation fut judicieux, soutenu par les moyens considérables du studio.
La réalisation est en effet particulièrement belle.
La photographie, les décors, les costumes, tout sonne juste. Le spectateur est embarqué en 1966 !
Les scènes de course automobile sont particulièrement réussies. Avec, en point d'orgue, la course éponyme des 24 Heures du Mans qui est superbe.
Le montage est un succès, virtuose durant les courses.
La musique sert également particulièrement bien la narration.
La centaine de millions de budget est allouée avec discernement.
En conclusion, un film ambivalent, avec un scénario faible et tragiquement artificiel, le jeu d'acteur des deux têtes d'affiche qui ne nous convainc pas, mais une belle réalisation constituant une franche réussite.
En somme, une 4CV dans le corps d'une rutilante sportive italienne.
Créée
le 15 août 2023
Critique lue 12 fois
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