Le prix du sommeil

Le premier long-métrage de Steve Achiepo est une excellente surprise tant sur le fond que sur la forme. On pourra certes ergoter sur quelques maladresses scénaristiques assez caractéristiques des premiers films, en particulier quelques ellipses narratives qui retirent un peu de liant au film, mais cela ne retire rien à la réussite de cette œuvre. Pour commencer, le thème choisi, à savoir le milieu des marchands de sommeil qui prospèrent sur la détresse des réfugiés, est une base scénaristique vraiment originale tant cette réalité est occultée par la production hexagonale. Ensuite, l'angle d'attaque narrative est audacieuse, en mettant en scène un jeune homme d'origine ivoirienne pris en étau entre son souhait d'intégration et sa loyauté familiale. Enfin, l'absence de manichéisme et de jugement moral porté sur les protagonistes contribuent à renforcer la puissance du propos.

Le Marchand de sable ouvre des portes de réflexion abyssales. Et cette question lancinante : comment traiter avec humanité des hommes, des femmes et des enfants qui ont quitté leur pays non par choix mais uniquement parce qu'ils ne pouvaient plus y vivre ? Car s'il est évident que notre pays ne peut pas accueillir toute la misère du monde, il a le devoir d'en prendre sa part. A défaut de moyens adéquats pour accueillir les réfugiés ce sont les profiteurs et autres vautours de misère qui s'en chargeront. Avec tout ce que cela suppose en termes d'ignominies et de drames. Un film franchement réussi et magnifiquement interprété par deux acteurs principaux vraiment convaincants.