Deux ans après "the laughing club of India", Mira Nair, réalisatrice de "Kama Sutra" et de "Salaam Bombay" son premier long métrage qui lui a valut un succès foudroyant, revient avec "Le mariage des moussons" qui est une invite festive à découvrir une facette méconnue de l'Inde: Sa bourgeoisie moderne.
La famille Verma se rassemble dans une superbe demeure à New Delhi pour célébrer le grand mariage arrangé d'Aditi et d'Heman. Des centaines d'invités sont attendus, venant des quatre coins du monde (de la Silicon valley à l'Australie). Les préparatifs vont bon train, tandis que la future mariée entretient toujours une liaison avec un homme marié, que son frère rêve de devenir cuisinier alors que son père le voit déjà avocat, que le maître de cérémonie tombe amoureux d'une servante et que la cousine de la mariée cache un secret d'enfance.
Si le film débute dans une joyeuse pagaille c'est parce que la réalisatrice prend le temps de poser ses personnages et de restituer la douce folie qui s'en empare à la veille du mariage, mais très vite ils sortent du burlesque pour prendre consistance et psychologie, en particulier le père (Lalit) et l'organisateur de la cérémonie (Doubey).
Première surprise, le film se déroule dans l'Inde moderne et ne traite pas de sujets comme les misères de la rue (salaam Bombay) ou de légendes atemporelles (Kama sutra), et ceci jusqu'à la caricature où l'on vit au rythme des téléphones portables, où l'on parle un dialecte savoureux, mélange d'hindi, de penjabi et d'anglais, où les femmes sont enfin libres de goûter aux plaisir de la chair avant le mariage et où l'on danse sur de la techno. Pourtant de nombreux plans de New Delhi, nous ramènent à une toute autre réalité qui montre la dérive de cette modernisation où l'on voit certains citadins porté des masques anti-pollution. New Delhi est monde étrangement mondialisé dans lequel la tradition bute dans cette modernité. En effet, même si cette famille est occidentalisée elle perpétue des rituels d'un autre âge et reproduit les schémas des anciens. La scène de la photo de famille avant le mariage montre à quel point la famille est importante en Inde, cette photo est représentative de toute la communauté Penjab. Ce film rend hommage à cette communauté à travers chaque plan. Tout n'est que danse, chants, rires, le film ne cède que brièvement à la mélancolie et retourne très vite aux festivités interminables. Malgré le coté parfois un peut kitch, par exemple, la scène où Doubey agenouillé dans un parterre de fleurs et portant un cœur fait de ces mêmes fleurs vient demander Alice en mariage est une envolée très poétique mais tout de même un peut redondante. Malgré ces clichés romanesques, le film se termine par une superbe scène où tout le monde est réunit (sauf l'oncle qui fut chassé pour cause d'inceste), et sous une pluie battante, tous dansent, chantent, dans un tourbillon de couleurs gaies et entraînantes, au rythme de musiques tantôt traditionnelles, tantôt occidentales. Cette scène est un peut un condensé de toutes les autres du film tant elle laisse le spectateur dans un état d'euphorie. Comme dans un compte de fée, tout est bien qui finit bien.