Deuxième film de Godard que je vois, c'est encore une fois au-delà d'un simple film, une oeuvre d'art, de l'art contemporain. Les premières minutes me furent pénibles, comme dans "A bout de souffle", Godard était parti dans ses chevauchées lyriques et stylistiques, dans tous ses éléments de dialogue et de langage qui lui vont si bien. Plus le film avançait et plus je le comprenais, plus je m'en délectais. Sur ce fond ensoleillé où l'on ressent la chaleur de l'Italie, tout y est méprisable. Le producteur américain est méprisable (campé magnifiquement par Jack Palance), Fritz Lang par moment l'est également. Les 2 personnages principaux le sont également (Brigitte Bardot campe délicieusement Camille et Michel Piccoli, le scénariste Paul Javal, joué à merveille). Le couple, qui semblait au départ uni, se délite au fil du film telle une tragédie grecque, faisant écho à une adaptation cinématographique de L'Odyssée, que tourne Fritz Lang dans le film. On a donc une tragédie dans une tragédie. Paul Javal est méprisable, méprisable de laisser aux mains de ce producteur américain sa femme, méprisable de tenter de séduire l'assistante italienne du producteur. Mais Camille n'a pas son pareil dans Le Mépris. Elle bascule en un instant de l'amour au mépris sans aucune explication, et c'est en cela qu'elle est méprisable.
Ce film, comme dans "A bout de souffle", dépeint deux personnages féminins, à la beauté certaine, à la liberté assumée, 2 personnages qui choisissent d'aimer ou de ne pas aimer.
Finalement on se demande ce qui a de l'importance ? Est-ce ce couple qui se détruit ou est-ce L'Odyssée d'Ulysse et de ces compagnons de route ? Godard a fait son choix. Les personnages du film sont le monde moderne avec ces petites histoires, ces petites tragédies face à l'immensité, l'inusable, face à la grandeur d'une tragédie grecque.
Pourquoi donc un tel Mépris ?

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le 3 mars 2020

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