Dès les premières images, on sait qu'on aura droit à du bon gros Sammo avec les ruptures de ton dont il a secret. Bon certes, il fera mieux par la suite, mais vraiment, c'est chouette de voir à quel point il avait trouvé ses marques dès sa première réalisation avec un tel savoir-faire dans les combats, et même la caractérisation et la motivation de tous les personnages, bien qu'elles demeurent très simples, ce qui, mine de rien, aident à l'implication, un point parfois oublié dans les films d'arts-martiaux.
Du coup, les 1h30 de pellicule passent à tout vitesse. Ça commence fort avec un entraînement survitaminé dans un monastère Shaolin où Sammo ne lâchera pas son mentor d'une semelle pour qu'il lui livre tous ses secrets, le tout ponctué par une belle note d'amitié surprenante vu la fouge dont il a fait preuve tout le long (et qui ne la quittera jamais pour notre plus grand plaisir). Mais bon, c'est pour la bonne cause, vu que c'est pour barrer la route aux vilains Mandchous, qui décidément ne peuvent s'empêcher de mettre tout sans dessus-dessous sur leur passage, et dès lors on ne cessera de passer d'un excès à l'autre, du drame intense à des séquences plus légères.
Ainsi, on a droit à un peu de tout, entre intimidations méchantasses envers les enfants, roublardises, massacres, viols... Et sur ce dernier point, le gros nous épargne peu de détails, le coquin, mais il ne peut s'empêcher à un moment ou à un autre d'ajouter une petite touche de légèreté qui nous plonge parfois au bord du malaise (comme la petite vieille qui ne semblait pas si farouche au contact de ses ravisseurs, ou des plans d'une saveur grivoise audacieusement placés).
Autre élément sympa, il est accompagné d'un autre moine qui l'a initié à l'expérience Shaolin et qui prône le self-control... mais ce qui ne veut pas dire pas taper... et les éléments à charge sont suffisamment violents pour qu'on n'attende que ce moment où Sammo va tous les dérouiller, et ça ne rate pas avec des chorégraphies plus pêchues et travaillées les unes que les autres, jusqu'à un final qui rompt les amarres de toute retenue, où les affrontements s'enchaînent et se font encore plus énervés et variés (génial le passage où Sammo et le moine changent d'adversaires), le tout entrecoupé des "soyez bénis" du moine qui contribuent à rendre le tout réellement décalé et jouissif.
À la limite pourrait t-on reprocher un certain manichéisme, au fond commun à tous les Sammo que j'ai pu voir, ce qui est aussi un formidable propulseur à nous livrer des séquences sacrément dantesques et parfois dotées d'une noirceur redoutable. En outre, les enchaînements paraissent parfois trop découpés au point que leur aspect comique plus ou moins volontaire tranche avec le cadre dramatique, et l'ingénieur du son abuse aussi un peu trop de ses bruitages à la Benny Hill pour appuyer les impacts de coups. Mais bon c'est aussi manière de nous rappeler qu'il s'agit avant tout d'un divertissement, et sur ce plan là, on nous livre la marchandise sans rechigner.