Dernier film de cette trilogie et très certainement le plus réussi et le plus émouvant des trois. C'est en tout cas le plus abouti. Il y a une réelle force dans ce film, grâce à des acteurs déjà d'un excellent niveau et qui font passer une réelle force.
Cette fois, l'oeuvre s'intéresse à la vie de couple indienne, à la façon dont les mariages avaient (ou ont peut-être) toujours lieu. Tradition oblige, les femmes et les hommes ne choisissent toujours pas leur partenaire. Et si c'est sur un petit concours de circonstance qu'Apu va finir par se marier avec la jeune femme, il ne le regrettera pas.
Bien sûr, drames et tragédies sont toujours présents pour cette oeuvre mais avant d'en arriver là, je voulais quand même parler de la façon dont Ray filme l'amour dans ce film. C'est fait en toute simplicité, sans lourdeur, avec des éléments simples. Si aussi bien pour Apu que pour sa femme, ce mariage n'étaient nullement désiré (le premier perdant sa liberté et la seconde perdant surtout une vie de richesse), Ray va bien au-delà de tout cela. Via des petits moments d'humour, de tendresse, on constate une réelle complicité entre les deux acteurs. Ca fonctionne parfaitement. Un enfant est d'ailleurs prévu et c'est à partir de là que tout bascule.
Lors de l'accouchement, la jeune femme meurt. C'est alors que Apu va totalement rompre avec tout ce qui a fait sa vie d'avant. L'homme va quitter Calcutta et son métier. Il ne donnera pas de signes de vie à son fils. Il faut bien avouer que pour lui, il est responsable de la mort d'une femme qu'il a apprit à apprécier, à aimer et avec qui il partageait beaucoup de choses. C'est aussi l'occasion pour lui de redémarrer une nouvelle vie mais évidemment avec une forte connotation de fuite. C'est ainsi que l'homme se retrouve à voyager à travers l'Inde. Et de permettre au téléspectateur de découvrir de très beaux paysages même si c'est en noir et blanc. Ensuite, preuve que l'homme tient à rompre avec son passé, c'est qu'il jette les pages du roman qu'il avait écrit et dont le brouillon était terminé. Il songeait même à l'éditer. Seul son ami parviendra à le remettre sur le droit chemin.
A partir du moment où il va découvrir son fils, le film va être beaucoup plus émouvant, entre un père cherchant à se rattraper du passé et un fils s'interrogeant sur l'homme qu'il y a en face de lui. La fin est superbe et c'est une trilogie que je ne peux que conseiller. Magnifique film dont il manque un brin pour être l'oeuvre parfaite.

Créée

le 6 mai 2011

Critique lue 827 fois

5 j'aime

9 commentaires

batman1985

Écrit par

Critique lue 827 fois

5
9

D'autres avis sur Le Monde d'Apu

Le Monde d'Apu
JeanG55
8

La Trilogie d'Apu - Chapitre 3

Dans l'invaincu, le deuxième opus de la "Trilogie d'Apu", nous avions laissé Apu, orphelin de son père puis de sa mère, étudiant à Calcutta. Dans "le monde d'Apu", notre Apu est un jeune adulte qui...

le 20 janv. 2022

10 j'aime

7

Le Monde d'Apu
batman1985
9

Critique de Le Monde d'Apu par batman1985

Dernier film de cette trilogie et très certainement le plus réussi et le plus émouvant des trois. C'est en tout cas le plus abouti. Il y a une réelle force dans ce film, grâce à des acteurs déjà d'un...

le 6 mai 2011

5 j'aime

9

Le Monde d'Apu
Morrinson
7

Par-delà les souffrances

La fin de la trilogie d'Apu fait suite à La Complainte du sentier (1955) et L'Invaincu (1956), quelques années plus tard, et marque l'achèvement d'un portrait dense opéré en compagnie d'une multitude...

le 5 févr. 2024

4 j'aime

Du même critique

Manhattan
batman1985
5

Je n'accroche décidément pas...

Je vais certainement me faire encore des détracteurs quand j'attaque du Woody Allen et notamment un des film important du cinéaste. Je vais pourtant tenter, une fois encore, d'expliquer ce qui ne me...

le 9 juil. 2012

51 j'aime

1

La dolce vita
batman1985
5

Critique de La dolce vita par batman1985

Ah cette Dolce Vita, dur dur de passer à côté quand on se dit cinéphile. D'autant que la réputation de ce film est grande. Récompensé par une palme d'or à Cannes, l'oeuvre de Fellini est un...

le 6 mai 2011

44 j'aime

4

Le Grand Rasage
batman1985
9

Critique de Le Grand Rasage par batman1985

Voilà probablement l'un des plus grands court-métrage de tous les temps! Une oeuvre formidable de quelques minutes qui dénonce, sans jamais qu'on ne la voit, la guerre du Vietnam. Pas une seule...

le 6 mai 2011

40 j'aime

4