Avec "Pas raccord", Stephen Chbosky livrait un joli roman en partie auto-biographique, regard tendre sur l'adolescence empreint d'une certaine gravité, qui m'avait ému pour des raisons toute personnelles. Il en signe lui-même l'adaptation, passant du même coup à la mise en scène.
Epousant les codes du teen-movie pour mieux explorer la psyché de ses jeunes protagonistes, un peu à la manière d'un John Hugues, "Le monde de Charlie", fidèle à l'oeuvre d'origine, est une franche réussite, parvenant à équilibrer parfaitement son récit, habile mélange de rires et d'émotion, Stephen Chbosky abordant, derrière la légèreté apparente, des thèmes extrêmement complexes et délicats.
Ode à l'amitié, à l'importance du "nous" dans la construction du "je", "Le monde de Charlie", s'il émeut plus d'une fois, fait surtout un bien fou, évitant soigneusement le pathos au profit d'un optimisme à toute épreuve, nous rendant encore plus touchante la quête identitaire de son jeune héros. Dans un rôle ô combien difficile, Logan Lermann étonne par sa sensibilité et sa justesse, bien entouré par des seconds rôles attachants (on appréciera la courte apparition de Tom Savini), dont on retiendra surtout Ezra Miller, qui confirme tout le bien que je pensais de lui, et Emma Watson, qui prouve d'une belle manière qu'elle peut jouer autre chose que les apprenties sorcières.
Portrait plein de délicatesse et émouvant d'un être en construction, "Le monde de Charlie" est une des plus belles surprises de cette année et un véritable petit bol d'air.