Le Monde de Charlie par Patrick Braganti
Comment peut-on encore faire ce genre de films avec des jeunes qui ont déjà tout l'air de vieux ? Les tribulations du pauvre Charlie pour se faire des amis au sein de son lycée ne sont guère palpitantes, empruntant toutes les étapes balisées du teen-movie classique. Tout cela produit un long-métrage excessivement lisse et convenu à l'image des figures imberbes et bien peignées d'adolescents de milieux plutôt aisés et favorisés, dont les adultes - à part les parents de Charlie - sont globalement absents. Ces jeunes gens mènent donc une vie de fêtes et de sorties entrecoupées de quelques cours. La sauce d'abord très claire parvient néanmoins à s'épaissir un peu lorsque les traumas du passé resurgissent et on peut accorder à l'ensemble un certain charme où pointe une naïveté candide et touchante. Adapté d'un roman par son propre auteur, Stephen Chbosky, le film qui recourt à la voix off offre aussi une dimension littéraire, certes modeste et convenue. Peut-être parce qu'il se situe dans une époque à peu près indéterminée, mais qui semble vieillotte et affreusement démodée, le film exalte aussi un tenace parfum de naphtaline. Une gentillesse qui dégouline trop, une mise en scène sage et proprette donnent au film un aspect conte et nous espérons qu'avec lui se referme la trêve des confiseurs.