Il arrive un âge où l’on ne peut plus vraiment retrouver l’intensité des émotions vécues à celui où tout était de l’ordre de la première fois.
C’est vrai pour la vie, où l’on se tourne vers la plus jeune génération qu’on voit avec tendresse, voire nostalgie, se jeter corps et âme dans les émois des amours contrariées et des plans sur la comète.
C’est encore plus vrai pour la fiction, où il est souvent préférable de ne pas revoir les films qui nous ont bouleversé durant notre prime jeunesse, pour que reste intacte la fraicheur avec laquelle on les avait laissé s’imprimer sur nos esprits bouillonnants de candeur et de désir.
Un film sur l’adolescence, donc, un film sur la recherche, le rejet, l’amitié, la difficulté, ce n’est vraiment a priori plus ce que je recherche au cinéma.
Mais SC insiste, et je tente.
Je suis ravi de pouvoir faire une critique qui ne va pas s’encombrer d’un discours esthétique, d’un travail sur la construction narrative, d’une dissection analytique rigoureuse. Ce film fonctionne absolument, c’est tout. Les personnages sont profondément attachants, on évite tous les écueils et les dangers du sujet, et on nous embarque avec un facilité confondante dans une année somme toute assez banale de la vie d’un lycéen. L’amitié et l’enthousiasme, les sommets d’immortalité et les abîmes de désespoir de cet âge aussi intense qu’ingrat sont restitués avec évidence et spontanéité, construisant ce plaisir rare d’un sentiment de complicité avec les personnages qui, au terme du film, semblent faire partie de nos proches.
A la fin du film, Charlie écrit : “I don't know if I will have the time to write any more letters because I might be too busy trying to participate.” Beau programme que celui de faire primer l’acte de vivre sur celui d’écrire, et qui s’accorde parfaitement avec ce qui pour moi est la plus grande réussite de ce film : je suis ravi d’avoir été ainsi pris par la puissance d’une émotion dénuée de toute portée intellectuelle, d’une intensité que je pensais révolue, et de constater que le cinéma a toujours des pouvoirs magiques.
Merci à San Felice.