Mon père, ce héros.

Pas facile d'élever seul son enfant quand on est veuf et encore traumatisé par l'assassinat sauvage de son épouse et de sa marmaille en gestation. Surtout lorsque l'on est un poisson clown et que l'on vit dans cette immense jungle liquide qu'est l'océan. Mieux vaut effectivement rester dans sa douillette banlieue de corail et couver le plus possible sa progéniture. Mais quand celle-ci est capturée par ces connards de géants se croyant tout permis, il n'y a pas d'autre choix que de se sortir la nageoire du fondement et de foncer tête baissée vers l'aventure (et au-delà si affinité).

Incroyable à quel point "Le monde de Nemo" reste d'une splendeur visuelle dix ans après sa sortie. Bien sûr, les studios Pixar ont largement fait mieux depuis (heureusement pour eux et pour nos mirettes) mais cet aquarium pelliculé demeure une merveille pour nos petits yeux ébahis, enchantement bariolé à s'en coller une crise d'épilepsie. On sent le travail monumental accompli par l'équipe technique et on ne peut que les applaudir là-dessus tellement c'est grandiose, tellement c'est la classe, tellement que je vous dis pas le budget, c'est indécent. 134 000 000 de dollars. Ooops.

Pour ce qui est du scénario, on sent par contre que "Le monde de Nemo" se coule bien gentiment dans le moule conçu pour "Toy Story", calquant sa formule sur son prestigieux aîné, nous narrant une aventure sous forme de quête initiatique, de dépassement de soit, de rapports familiaux, avec les sempiternels outsiders et les humains destructeurs, sans compter les clins d'oeil lourdingues à notre vie de tous les jours ou à certaines oeuvres cinématographiques.

Heureusement, le film de Stanton et Unkrich parvient à transcender sa nature de divertissement inoffensif pour nous offrir près de deux heures d'humour et d'inventivité, créant des personnages attachants et souvent drôles (on a même le droit à une des déclarations d'amour les plus touchantes vue depuis des années), le tout sur un rythme soutenu et dans une bonne humeur communicative.